Divers sondages réalisés au cours des derniers mois montrent que si les Québécois souhaitent voir leur gouvernement provincial revenir au déficit zéro, ils sont convaincus qu'il peut y arriver en «coupant dans le gras». Il ne serait donc pas nécessaire de réduire les services ou d'augmenter les impôts, taxes et tarifs. «Que le gouvernement fasse d'abord le ménage dans sa cour», entend-on souvent dire.

Il est certain que la bureaucratie gouvernementale pourrait être plus efficace et que si tel était le cas, les dépenses publiques seraient moins élevées. Toutefois, ces économies seraient nettement insuffisantes pour permettre le retour à l'équilibre budgétaire.

 

Organigramme géant à l'appui, les députés de l'ADQ ont dénoncé la semaine dernière «l'État tentaculaire» tel qu'on le trouve dans le réseau de la santé. Citant des économistes conseillant le gouvernement Charest, le chef adéquiste, Gérard Deltell, a déploré que «ça nous coûte 600 millions de dollars en chevauchements au ministère de la Santé». Ce n'est pas ce qu'ont dit les économistes en question. Six cents millions, c'est ce que coûte à Québec toute l'administration du réseau, pas seulement les prétendus chevauchements. Ces coûts d'administration représentent 2% des dépenses du gouvernement québécois en santé; le pourcentage est exactement le même en Ontario.

L'ADQ a souligné que, dans le réseau de la santé toujours, le nombre de cadres a augmenté de 19% depuis que le Parti libéral est au pouvoir. C'est en effet une augmentation considérable, deux fois plus importante que celle du nombre d'employés syndiqués. Il y a sûrement là du «gras» à couper, mais ça ne réglera pas l'impasse budgétaire.

En fait, même si on arrivait à se débarrasser du quart des cadres en santé, on économiserait 200 millions. Songeons que pour revenir au déficit zéro l'an prochain, il manque 6,6 milliards; c'est 7 fois la rémunération annuelle de tous les cadres du réseau de la santé. Ces 6,6 milliards équivalent à la rémunération de 149 000 employés syndiqués du réseau de la santé.

Ainsi, on aura beau rendre la machine gouvernementale plus efficace - ce qui est évidemment souhaitable -, on ne rééquilibrera pas les finances publiques sans que les contribuables paient davantage et que certains services écopent. C'est pourquoi les citoyens doivent surmonter leur cynisme et consentir à certains sacrifices. S'ils ne le font pas, il sera impossible de préserver les services publics essentiels auxquels nous tenons tous.