Dans les années 1970, à Rosemont comme ailleurs, le ballon-balai vivait des années d'or. Je n'ai jamais appris à l'appeler ballon sur glace.

On disait que c'était le sport de ceux qui ne savent pas patiner ou qui n'ont pas assez d'argent pour s'acheter des patins et le reste de l'équipement de hockey. Le sport du pauvre, quoi...

Ce qui nous amène à hier, à l'aréna du Collège Brébeuf, où des fils de bonne famille, des étudiants de collèges privés, tentent de ressusciter ce joyeux sport d'hiver.

Les fameux balais n'ont plus grand-chose du balai qui sert à nettoyer votre appartement et ils ont souvent des manches en aluminium.

Sachez, gens de L'Assomption, que vos moins de 19 ans ont remporté hier le tournoi Brébeuf devant l'équipe locale.

Je m'attendais à m'ennuyer, mais c'est tout le contraire qui s'est produit. Des coureurs rapides - les souliers ont bien évolué -, de nombreuses passes précises, des garnottes d'enfer et des mises-en-échec spectaculaires. Un show excitant, apprécié par quelques dizaines de spectateurs en ce dimanche où il aurait été impossible de jouer dehors.

Sur les murs de l'aréna, une curieuse affiche: «Interdiction de jouer au hockey dans les gradins.» On n'y avait même pas pensé...

Les soeurs Couture

Derrière le banc du Brébeuf, Amélie Couture, plusieurs fois championne du Canada avec son équipe, les Huskys, formée de filles de la Rive-Sud.

Pourquoi choisir ce sport et non pas le tennis ou le hockey, comme tout le monde?

«J'ai trois grandes soeurs qui jouaient, alors je les suivais.» Les quatre soeurs Couture ont déjà joué dans la même équipe. Maintenant, les deux plus vieilles sont en congé de maternité.

Amélie, 28 ans, est également un peu une historienne de ballon-balai, qu'elle appelle, bien sûr, ballon sur glace.

«Après les années 1970, le ballon sur glace a presque disparu. Il est revenu lentement dans les années 1990 et il y a un bel essor présentement. La fédération a ses bureaux au Stade olympique.

«Nous avions ce week-end des équipes du collège Stanislas, de Vaudreuil, Victoriaville et Cabano. Ça marche fort à Québec, au Lac Saint-Jean et un peu partout au Québec.

«Il y a maintenant un championnat du monde, aux deux ans, avec des équipes du Canada, des États-Unis, de Suisse, d'Australie, d'Italie et du Japon.»

Des Japonais qui jouent au ballon-balai... vous l'avez lu ici en premier.

Quant à la disparition du sport après les années 1970, je soupçonne que les hockeyeurs ont pris toute la place sur les patinoires extérieures et intérieures. Peut-être pas. À vos travaux, historiens du sport. J'attends de vos nouvelles.

Je me souviens d'équipes commanditées surtout par des tavernes où les joueurs passaient le reste de la soirée après le match, ainsi que les autres soirées. Le ballon-balai et la balle-molle ont toujours été associés aux abreuvoirs du coin.

Les gagnants

L'arbitre du match final s'est fait un peu engueuler, comme il se doit, mais presque poliment, avec des «moi» et des «ici», comme dans «on n'est pas au curling ici». Rien à voir avec les engueulades de fonds de poubelle de la série Montréal-Québec.

Les gars de L'Assomption ont été intraitables. Bons passeurs, toujours en position, ils ont contrôlé le jeu dans une victoire de 2-0 et un but sur un plongeon spectaculaire a mis fin au suspense.

L'entraîneur Simon Forest, un ancien du Collège de L'Assomption, nous dit que sa ville est reconnue pour ses joueurs de ballon-balai. Nous le croyons sur parole.

«On fait de la promotion dans les écoles, les anciens forment les jeunes. Il y a des tournois mixtes, sans contact. Tout le monde est invité dans nos tournois civils, étudiant ou pas, les 20 ans comme les 50 ans...»

La plus récente percée a été réalisée dans les écoles primaires. On parle maintenant de 60 clubs et de 1500 joueurs au Québec.

Enfin, à Rosemont, un certain Chartrand, ou Charland, un petit maigre nerveux qui était serveur dans une taverne, était surnommé Monsieur ballon-balai.

Croyez-le ou non, il courait sur les bandes! Il pouvait faire deux ou trois petits pas rapides à l'horizontale, les pieds sur la bande...

Même Guy Lafleur n'était pas capable.