La tenue d'audiences publiques visant à trouver des solutions au problème du profilage racial est une heureuse initiative. En pleine enquête du coroner sur la mort de Fredy Villanueva, et alors que les partis de l'opposition montréalais demandent aux avocats de la Ville de cesser les manoeuvres qui ralentissent le traitement des plaintes devant les tribunaux, l'annonce de ces audiences tombe à point. Il est plus que temps de crever cet abcès.

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse souhaite qu'on lui propose des pistes de solutions. Une meilleure formation des policiers devrait figurer sur la liste des propositions.Bien sûr, les policiers ne sont pas les seuls à qui on reproche ce type de comportement. Il y a aussi des enseignants, des commerçants, des agents de sécurité ainsi que les services de protection de la jeunesse. Récemment, cinq jeunes Noirs du quartier Petite-Bourgogne ont porté plainte contre des agents de la Société de transport de Montréal qui les avaient interpellés injustement, disent-ils, dans le métro.

Mais il demeure que la nature même du travail policier, ainsi que les circonstances dans lesquelles les agents doivent intervenir, fait de cette institution un terreau fertile pour les comportements discriminatoires.

Montréal n'est pas la seule ville à faire face au problème du profilage racial. Toutes les grandes villes cosmopolites sont dans la même situation. New York, Paris, Toronto, c'est partout pareil. L'an dernier, à l'initiative de son chef, le service de police de Toronto a tenu un forum public sur cette question.

On a pu y entendre un membre de haut rang de la police avouer que pour les policiers, la question du profilage racial était plus que délicate: s'ils dénoncent la situation, ils passent pour des traîtres aux yeux de leurs collègues; s'ils gardent le silence, ils sont perçus comme racistes par la population. Difficiles, donc, pour eux de rompre avec un certain esprit de corps. En outre, a ajouté ce policier lors de son témoignage, le profilage racial n'est pas toujours un acte conscient mais bien un réflexe motivé par l'éducation, un système de valeurs bien ancré. D'où l'importance d'une formation adéquate, et ce, dès le collégial.

Les policiers ne sont pas les seuls à qui on demande de trouver des solutions. Les organismes communautaires aussi ont un rôle à jouer. De par leur position, sorte d'intermédiaires entre les institutions et les résidants d'un quartier, ils sont souvent les mieux placés pour établir des ponts entre les deux groupes. Le cas du quartier Saint-Michel, où groupes communautaires, policiers et élus se sont assis autour de la même table pour tenter d'instaurer un meilleur climat dans le quartier, est un exemple dont il faut s'inspirer.

N'oublions pas que le but des audiences publiques de la Commission des droits de la personne n'est pas tant de trouver des coupables, mais bien de réparer les blessures causées par le profilage racial dans le tissu social de Montréal.