Difficile d'imaginer vivre sans routes. Elles nous relient aux autres, nous empêchent de vivre en autarcie. Leur importance est telle qu'elles transforment jusqu'à notre façon de vivre au quotidien, note Ted Conover dans son tout récent essai The Routes of Man : How Roads Are Changing the World and the Way We Live Today.

Ce que cet auteur américain oublie de préciser, toutefois, c'est que ces routes détruisent celles, naturelles, dont ont cruellement besoin les organismes vivants, animaux, insectes, plantes, etc.

Certes, en réaction au rouleau compresseur que représente l'étalement urbain, on s'efforce collectivement de conserver ici et là des parcelles de paysage, des boisés, voire des forêts entières. Mais on oublie trop souvent de les relier entre eux...

Or certains experts estiment que la fragmentation des écosystèmes est l'une des principales causes de régression de la biodiversité dans le monde.

Les organismes vivants, du plus petit insecte au plus gros mammifère, ne peuvent tout simplement pas survivre dans de petits paysages isolés les uns des autres. Ils ont besoin de bouger sur de vastes étendues, pour procréer, s'alimenter, assurer les migrations saisonnières ou encore, l'échange génétique entre populations et l'extension des aires de répartition. Le «domaine vital» d'un ours noir peut atteindre 17 000 hectares, celui d'un orignal 10 000 hectares et celui d'un lynx roux, 5000 hectares.

«Quand on fragmente une forêt, on peut bien préserver des morceaux de végétation, mais cela n'empêche pas l'extinction des espèces, observe Andrew Gonzalez, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la biodiversité. La fragmentation du milieu naturel produit une perte nette de biodiversité.»

En revanche, la création de corridors naturels - de simples bandes de végétation reliant des fragments de forêt - maintient non seulement la biodiversité, mais aussi l'intégrité des écosystèmes, révèle une étude qu'il publie cette semaine dans la revue Ecology Letters.

L'expérience ayant permis une telle conclusion est fascinante. L'équipe du Dr Gonzalez a analysé la mobilité des organismes vivants dans de petits tapis de mousse, ce qu'elle considère être l'équivalent de forêts tropicales microscopiques. Les organismes qui peuplaient la mousse disparaissaient lorsque ce dernier était fragmenté, alors qu'ils se multipliaient avec la création de corridors, comme ils le feraient dans de larges habitats intacts.

«Il en va de même sur le terrain, à l'échelle humaine», précise le biologiste de l'Université McGill, qui dirige le Centre de la science de la biodiversité du Québec, nouvellement créé.

Or aujourd'hui, alors que la frontière de l'étalement urbain est toujours repoussée plus loin, nous ne nous soucions que très peu de la création de tels corridors naturels, croyant à tort vivre dans des déserts biologiques. Le corridor Québec-Windsor, par exemple, abrite la moitié de la population canadienne... mais aussi la moitié des espèces menacées ou en voie de disparition au pays!

Heureusement, il y a des projets très prometteurs qui permettent, en cette année internationale de la biodiversité, de garder espoir. On peut penser au corridor forestier du mont Saint-Bruno, entre Verchères et La Prairie, ou au Corridor appalachien, qui a permis à ce jour la conservation de près de 9000 ha des montagnes vertes du Vermont aux monts Sutton, principalement.

C'est un grand pas en avant pour les organismes vivants, parmi lesquels... l'être humain! On ne parle pas ici de territoires mis sous cloche de verre, mais bien de corridors accessibles à l'homme pour des fins récréatives, qui permettent en outre de purifier l'air et l'eau, de lutter contre les inondations et l'érosion, de séquestrer le carbone, etc.

Après avoir passé une cinquantaine d'années à quadriller le paysage de routes goudronnées, il est plus que temps de changer de route.

Photo: AP

Comme une «slapp» dans la face...

La petite maison d'édition Écosociété n'est pas au bout de ses peines judiciaires. Elle fait face non pas à une, mais bien à deux poursuites intentées par la multinationale Barrick Gold et l'entreprise ontarienne Banro, qui n'ont pas apprécié l'essai Noir Canada: Pillage, corruption et criminalité en Afrique. Après plus de 20 mois de procédures, Écosociété vient d'être informée de la tenue en septembre 2011 du premier procès, qui s'annonce déjà long et complexe. L'éditeur crie à la «poursuite-baîllon» et demande «toutes les formes d'appui possible pour mener ce combat de David contre Goliath», alors que Barrick soutient tout simplement qu'elle veut «rétablir les faits». Elle réclame en ce sens 11 millions de dollars... soit l'équivalent de 50 ans de revenus annuels pour Écosociété.

 

 

Photo: PC

Das auto!

Rarement commercialisés, les prototypes de salons de l'auto servent davantage à faire bien paraître les fabricants qu'à transformer le parc automobile. Sauf pour Porsche, qui se vante d'avoir toujours mené à terme ses prototypes. D'où l'intérêt pour le dévoilement, en marge du salon de Genève, de la toute nouvelle 918 Spyder. Il s'agit du premier modèle Porsche doté d'un moteur électrique rechargeable (plug-in), qui peut consommer aussi peu que 3 litres aux 100 km. Le carnet de réservation est déjà plein... au cas où.

 

Photo: CNW