Le «pacte» pour un meilleur financement des universités, présenté cette semaine par 16 personnalités, ne propose pas d'idées vraiment nouvelles. Malheureusement, jusqu'ici, ces idées avaient toujours été rejetées par les politiciens. Il faut espérer que la réputation des signataires et surtout le moment choisi pour leur sortie finiront de convaincre le gouvernement Charest d'adopter une politique audacieuse.

Jamais les astres n'ont été alignés aussi favorablement pour un imposant investissement dans le secteur universitaire et pour une contribution plus substantielle des principaux bénéficiaires de la formation supérieure, les étudiants. En premier lieu, il existe aujourd'hui un consensus au sujet de l'importance d'une éducation de qualité pour l'avenir de la société québécoise. Ce consensus s'est notamment exprimé lors de la rencontre économique de Lévis, le mois dernier.

 

Deuxièmement, la concurrence entre les établissements d'enseignement supérieur du continent est plus forte que jamais. Mal financées, nos universités ont du mal à attirer et à conserver les étudiants et les chercheurs les plus convoités.

Troisièmement, la situation financière précaire du gouvernement québécois le forcera à concentrer ses efforts dans les domaines où lui seul peut agir, notamment la santé et l'éducation primaire et secondaire.

Quatrièmement, les plus récentes études confirment ce qui a été maintes fois démontré dans le passé, soit que des droits de scolarité plus élevés ne rendent pas nécessairement les études universitaires moins accessibles.

Les principes mis de l'avant par le «pacte» doivent donc être adoptés sans attendre par le gouvernement libéral. Celui-ci devra toutefois analyser soigneusement les modalités de la mise en oeuvre de ces mesures. Combien d'années doit-on se donner pour que les droits de scolarité rejoignent la moyenne canadienne? Chose certaine, les augmentations (plus rapides que les 100$ par an déjà annoncés) doivent commencer dès maintenant plutôt qu'en 2012 comme le suggère le «pacte». Lorsque le gouvernement sera en fin de mandat, il lui sera beaucoup plus difficile d'aller de l'avant.

Québec doit aussi mettre en place des droits variables selon les coûts de la formation dans chaque discipline. Aujourd'hui, dans notre province, un étudiant en médecine paie les mêmes droits qu'un étudiant en sciences humaines. En Ontario, le futur médecin paie 3,5 fois plus cher que son camarade de sciences humaines.

Tout gouvernement qui adopte un changement aussi radical par rapport aux pratiques passées court un risque politique. Souhaitons que les partis d'opposition et de nombreux acteurs de la société civile appuient le gouvernement Charest s'il a l'audace de prendre ce virage. C'est d'une formation de haute qualité que dépend l'avenir de la société québécoise, beaucoup plus que d'un fantasmagorique Plan Nord ou que d'une futile chasse aux voiles.