Nous vous présentons le premier de deux éditoriaux sur la politique canadienne en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Le Canada peut-il se fixer des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre plus ambitieux que ceux des États-Unis? Le gouvernement conservateur est convaincu que non. «Nous devons harmoniser notre stratégie sur les changements climatiques avec celle de notre plus important partenaire commercial en raison du niveau d'intégration économique entre nos deux pays», soutient le ministre de l'Environnement, Jim Prentice.

 

Quoi qu'on pense de la politique du gouvernement Harper en cette matière, il serait imprudent de rejeter cet argument du revers de la main. Soixante-dix pour cent (70%) des exportations canadiennes ont les États-Unis pour destination. Il y a certainement un risque que notre économie souffre si le Canada impose à ses entreprises des règles plus coûteuses que celles auxquelles sont soumises leurs concurrentes américaines. C'est donc un volet du problème qui devrait être analysé de près. Malheureusement, peu d'études ont été publiées à ce sujet. De part et d'autre du débat, on fait des affirmations aussi catégoriques que mal étayées.

Les quelques études existantes laissent penser que si le gouvernement canadien obligeait les industries canadiennes à diminuer leurs émissions de GES davantage que ce qu'auraient à faire leurs concurrentes au sud, l'impact au plan national ne serait pas considérable. Toutefois, certaines industries seraient frappées durement, en particulier dans l'Ouest. Ces analyses sont fondées sur plusieurs hypothèses; la réalité pourrait être fort différente, en mieux ou en pire.

Les projets de loi sur les changements climatiques sont actuellement bloqués au Congrès des États-Unis. La récession a beaucoup diminué l'appétit des législateurs pour des mesures qui pourraient nuire à la reprise. De plus, les controverses au sujet de la science du climat ont redonné de l'aplomb aux politiciens et commentateurs sceptiques au sujet des changements climatiques. Il se pourrait que les cibles finalement choisies par les États-Unis soient passablement moins ambitieuses que celles annoncées par le président Obama. C'est une réalité qu'Ottawa ne peut pas ignorer.

Tout cela n'excuse pas l'immobilisme du gouvernement Harper. Quelles que soient les cibles choisies par nos voisins du Sud, que les prévisions quant à l'impact des changements climatiques soient absolument exactes ou non, une chose est sûre: l'économie canadienne est beaucoup trop polluante. C'est un problème auquel le gouvernement du pays a le devoir de s'attaquer résolument.

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