Le GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, est en crise. En matière de lutte contre le CO2, les chefs d'État renâclent à aligner leurs actes sur leurs discours. Et on n'entend plus les prophètes de la fin du monde en cas d'échec de Copenhague, même si la «dernière chance de la Terre» a bel et bien été ratée!

Alors que le Tout-Montréal s'entassait à la première du Paradis perdu, la fresque post-apocalyptique imaginée par le militant écologiste Jean Lemire, le dossier réel du réchauffement de la planète, lui, était rudement secoué.

 

Et il l'était notamment par un Canadien, Andrew Weaver, climatologiste à l'Université de Victoria, figure dominante de cette science au pays; il a notamment contribué au fameux rapport de 2007 du GIEC. Weaver remet aujourd'hui en cause le leadership du Groupe - en clair, celui du président Rajendra Pachauri. Et il soutient qu'on y a trop confondu science et militantisme, un péché mortel dans les milieux scientifiques moins exposés aux feux de la rampe.

Certes, ça ne justifie pas d'expédier le GIEC dans les limbes. Ni ne prouve qu'il a tout faux. Mais ça donne un nom au malaise croissant que beaucoup éprouvent devant l'escalade de l'alarmisme onusien, amplifié par une galerie de plaideurs parfois ésotériques.

Oussama ben Laden est le dernier en lice.

Les informations troublantes s'accumulent donc au sujet du GIEC depuis l'affaire des courriels de l'Université d'East Anglia; ceux-ci dépeignaient éloquemment cette ambiance d'agit-prop antiscientifique que dénonce maintenant Weaver. Les dernières révélations touchent quant à elles des prédictions douteuses sur la fonte des glaciers dans l'Himalaya et, depuis la livraison d'hier du Telegraph de Londres, en d'autres points du globe.

En somme, il est clair que, la meute médiatique ayant brisé ses chaînes, le GIEC doit dorénavant s'attendre à une avalanche de piques...

Faut-il alors s'étonner que, par exemple, Ottawa et Washington ne proposent que des cibles fort timides de réduction des gaz à effet de serre (17% en 10 ans par rapport à 2005... et encore: chez nos voisins, c'est toujours en ballotage devant le Congrès)? Par intérêt économique? Certes. Mais il n'y a pas que le fric. C'est un secret de Polichinelle que, malgré leur discours vert fluo, bon nombre d'acteurs politiques de premier plan sont plus que sceptiques.

Que faire? Puisque c'est le discours qui s'effrite de tous bords, au GIEC, dans les officines d'État, dans les médias, il faut peut-être le relativiser. Et accorder également de l'importance à l'environnement à hauteur d'homme, réel, immédiat, sur lequel il importe de toutes façons d'agir.

Sur ce point, on joue sur du velours: il n'y a pas de sceptiques.