Un homme qui ferait ça à une bête serait traîné devant un juge par la Société protectrice des animaux. C'est peut-être pour cette raison que le hockey, où il est apparemment permis de supplicier des êtres humains en public, est en train de se gagner la réputation d'être devenu un sport de brutes demeurées.

Au Québec et en Ontario, deux incidents violents ont encore eu lieu sur la glace du hockey junior depuis une semaine.

 

À Windsor, un joueur de l'équipe locale a été suspendu indéfiniment après avoir assailli un adversaire, lequel a commenté après coup: «Il a tenté de me blesser»... Mais l'incident le plus terrorisant est survenu, dimanche, lorsque Patrice Cormier des Huskies de Rouyn-Noranda a terrassé d'un coup de coude à la tête le jeune Mikaël Tam des Remparts de Québec; celui-ci est entré en convulsions et, pendant un moment, on a craint pour sa vie.

Il est d'une suprême ironie que le premier plaidoyer en faveur d'une sanction exemplaire contre l'agresseur soit cette fois venu de Patrick Roy, qui s'est déjà trouvé aux premières loges lors d'épisodes antérieurs de violence...

On sait que, en pareilles circonstances, le milieu du hockey junior se défend habituellement en laissant entendre que les amateurs apprécient ce «style de jeu». Or, en excluant la petite part du public qui se serait délectée du sang des chrétiens dévorés par les lions, c'est faux. Le commun des mortels est profondément dégoûté.

Dorénavant, on sait aussi que, malgré les efforts récents de la ministre Michelle Courchesne, le problème n'est guère résolu. Et on subodore que la Ligue de hockey junior majeur du Québec renâclera à l'idée d'imposer à un joueur-étoile, qui attire les foules, une pénalité à la hauteur de son geste. C'est-à-dire: le bannissement pur et simple de la ligue.

Car Cormier est dangereux, à la fois comme joueur et comme exemple pour les aspirants aux jeux du cirque. Quiconque a vu les images de l'agression a compris que son geste était volontaire. Et qu'il l'a fait en sachant ou en devant savoir que son adversaire serait blessé. Peut-être même pire.

En outre, des procédures criminelles doivent être intentées contre lui. Des agressions comme celle-là ne sont plus, en effet, de petites histoires de sport que l'on règle entre soi. Surtout derrière les portes closes de la LHJMQ.

C'est triste, mais il faut maintenant faire régner dans l'arène la peur de la police.

mroy@lapresse.ca