Depuis le tsunami de Noël 2004 qui avait dévasté les pays de l'océan Indien, on n'avait pas vu un tel élan de solidarité venant de la communauté internationale. Les États-Unis, le Canada, la France, la Chine, le Royaume-Uni, le Brésil, le Mexique et de nombreux autres pays ont envoyé des milliers d'hommes et de femmes, de même que d'énormes quantités d'eau, de vivres, de médicaments et de matériel pour soulager la misère des victimes du séisme qui a frappé Haïti.

Le président américain, Barack Obama, a annoncé hier l'envoi de plus de 5000 soldats et marines en Haïti et un investissement de 100 millions pour les secours à court terme. Le moment venu, des sommes supplémentaires seront annoncées pour la reconstruction de Port-au-Prince.

 

«Au peuple d'Haïti nous disons clairement et avec conviction: vous ne serez pas abandonnés, vous ne serez pas oubliés. En ce moment où vos besoins sont les plus grands, les États-Unis sont à vos côtés. Le monde est à vos côtés», a déclaré M. Obama.

Autant il est désespérant de voir les souffrances imposées aux Haïtiens par le destin et par les travers humains, autant il est réconfortant de voir qu'à certaines occasions, l'Homme est capable de bien.

Il faut toutefois se rappeler que de ce bien, le mieux est parfois l'ennemi. Voyant le pauvre peuple haïtien coincé dans la douleur, on voudrait que l'aide soit sur place plus vite. Certains dénoncent l'envoi d'équipes de reconnaissance chargées d'évaluer les besoins, estimant que cela retarde l'arrivée du gros des secours. Pourtant, les ratés des opérations menées dans le passé, dans des circonstances similaires, enseignent que s'il faut aller vite, il est également crucial de planifier et de coordonner.

Les évaluations faites des secours apportés lors des coulées de boue des Gonaïves et du tsunami en Asie du Sud ont abouti aux mêmes conclusions: l'efficacité de toute opération de ce genre est entravée par la mauvaise coordination et la compétition entre les intervenants. L'arrivée sur le terrain d'agences inexpérimentées a également des effets néfastes.

Dans l'océan Indien, l'exceptionnelle générosité des donateurs privés et publics (plus de 13 milliards) a fait en sorte que certains organismes ont acheté d'énormes quantités de matériel dont une bonne partie n'était pas requis. Autre problème: aux Gonaïves à l'automne 2004, des convois de nourriture ont été pillés.

Espérons que cette fois-ci, le désespoir et la cupidité ne poussent pas à la violence. Souhaitons aussi que ceux qui veulent aider auront appris des expériences passées et agiront dans l'ordre et la coopération, en laissant de côté toute course à la visibilité.

Il y aura inévitablement des erreurs. Des personnes qui auraient peut-être pu être sauvées succomberont. Néanmoins, on ne saurait nier que cette fois-ci, le monde a tendu une main puissante et généreuse au peuple haïtien.