Si on le voulait, on pourrait écrire chaque jour un nouveau chapitre du feuilleton Halak-Price. Chose certaine, Jaroslav Halak a mérité un statut de co-numéro un. Quand Jacques Martin a besoin d'une victoire contre une des équipes de son association, c'est vers Halak qu'il semble se tourner. Avec raison. Le Slovaque de 24 ans fait le travail match après match. Au point d'avoir gagné six des sept derniers matchs où on lui a confié le filet.

Certains soulignent que Halak n'affronte pas nécessairement les équipes qui jouent pour vraiment plus que ,500. À cela, la réponse est évidente. Halak n'est pas traité équitablement par l'organisation. Dès qu'il perd un match, on le pénalise en redonnant le but à Carey Price. C'est fatiguant pour un gardien d'être tout le temps obligé de gagner pour jouer.

Mais Bob Gainey a décidé que le Canadien vivrait ou périrait par Carey Price. Ça se comprend puisque contrairement à Tomas Plekanec et Andrei Markov, qui sont des sélections d'André Savard, Carey Price est un choix de Gainey.

De plus, Gainey a imposé Price à Guy Carbonneau à Montréal et à Don Lever à Hamilton. Ce qui peut se comprendre puisque la plupart des dépisteurs estiment que Price a le talent et le physique pour devenir un grand gardien.

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Sauf que celui qui gagne les matchs, c'est Halak. Peut-être est-il moins grand et moins imposant que Carey Price. Mais peut-être est-il plus fort mentalement? Ça se peut. Tout ce qu'on sait, c'est qu'il gagne.

Mais on doit prendre comme base de réflexion que Carey Price demeure le joyau de Bob Gainey, celui qui va défendre le but du Canadien au cours des cinq ou six prochaines années. On doit aussi tenir pour acquis que c'est Price qui va décrocher le contrat de 25 ou 30 millions l'été prochain.

Donc, il ne reste plus de place pour Jaroslav Halak. Donc, Bob Gainey devra l'échanger d'ici à la fin du calendrier. Mais ce n'est pas facile comme décision. Si le Canadien avait une bonne avance pour une place dans les séries, Gainey pourrait prendre le risque de se fier au seul Carey Price. Mais la date limite des transactions coïncide avec la fin des Jeux olympiques ou à peu près. Autrement dit, il ne reste plus que trois semaines à Gainey pour prendre une décision et monter une stratégie de négociation ou de transaction.

Personnellement, je pense que Halak va quitter Montréal le jour de la date limite des transactions, en mars prochain. Mais si Gainey décide de le garder avec le Canadien pour assurer plus de profondeur à son équipe durant le reste de la saison, il ne faudra pas le blâmer.

Ça ne fera que confirmer la grande valeur du Slovaque comme joueur et comme individu.

De toute façon, à moins d'un effondrement total et brutal, Jaroslav Halak a déjà gagné son «match» à lui. Il sait qu'il est un numéro un. C'est déjà bien. Mais ils sont plusieurs dans la Ligue nationale à penser comme lui. C'est encore bien mieux.

Il aura mérité son statut en dépit d'une situation extrêmement difficile et de nombreuses injustices. Il mérite l'admiration des fans.

Matthew Bissonnette... le retour de Bonnie Lindros

Les dirigeants des Saguenéens de Chicoutimi ont fini par plier devant les exigences de Matthew Bissonnette.

Je résume rapidement. À la fin de décembre, les Saguenéens ont demandé au directeur général Richard Martel d'échanger un vétéran de l'équipe pour entreprendre tout de suite la construction d'une équipe championne dans deux ans.

C'est à Moncton qu'on est allé chercher un jeune de 17 ans, coté un choix de deuxième ronde par les dépisteurs de la Ligue nationale en début de saison. Le jeune Bissonnette a disputé un match avec les Saguenéens, devenant ainsi la propriété des Sags.

Sauf qu'après avoir perdu contre les Remparts, il a averti son agent Philippe Lecavalier qu'il jouissait d'une clause de non-échange et qu'il refusait d'aller jouer au Saguenay. Il ne voulait pas vivre dans un environnement aussi francophone. Il faut dire que le père de Bissonnette est francophone, mais que sa mère est unilingue anglophone. Et que depuis quelques semaines, les relations entre le père et le fils sont pour le moins tendues. En fait, le jeune ne parle pratiquement plus au père.

Comme le disait un intervenant impliqué dans le dossier, on pensait se retrouver avec une autre Bonnie Lindros.

J'ai suivi le dossier de très près cette semaine. Les propriétaires des Saguenéens étaient prêts à laisser sécher Bissonnette. C'est Guy Carbonneau, président de l'organisation, qui a fait pencher la balance. Il a convaincu ses partenaires de laisser Martel trouver une transaction qui ferait l'affaire de l'équipe. C'est finalement à Lewiston, dans le Maine, aux États-Unis, que Bissonnette va pouvoir poursuivre son développement comme joueur. Et ses études, évidemment.

Les Saguenéens ont tiré leur épingle du jeu dans cette affaire. La pression était énorme sur les dirigeants. L'équipe remplit le Centre Georges-Vézina, mais on estime chez les Bleuets que le temps est venu de faire campagne pour la Coupe Memorial. Cependant, la LHJMQ vient de laisser créer un précédent. Pourquoi un jeune homme de Val-d'Or devrait-il accepter d'aller jouer à Lewiston et d'abandonner ses études, si un garçon du West Island, dans le grand Montréal métropolitain, peut refuser d'aller jouer dans un environnement francophone?

DANS LE CALEPIN - Benoît Pouliot est impressionnant. Il patine bien, il est puissant et il a de bonnes mains. On réalise que le jeune homme était un choix de première ronde. Ce n'est pas un hasard, le talent est là. Va-t-il continuer? Ça, c'est la vraie question. Si Pouliot s'est endormi au Minnesota, rien ne dit que ça ne lui arrivera pas à Montréal. En attendant, qu'on en profite. Et les mêmes compliments, avec quelques variantes, vont à Marc-André Bergeron.