À la fin du gala, les lutteurs, les bons comme les méchants, restent aux abords de l'arène pour bavarder avec les spectateurs, poser avec eux, signer des autographes. Du jamais vu.

C'est la «lutte familiale» de Jacques Rougeau et les galas annuels du temps des Fêtes avaient lieu le week-end dernier. Il y avait environ 2000 spectateurs à l'Auditorium de Verdun, où le hot-dog, la frite et le hockey règnent toujours. «Les chambres sont prêtes 30 minutes avant la partie», comme à l'hôtel.

On sort de ces galas de lutte en souriant, de bonne humeur. Il n'y a pas de spectateurs mal élevés et beaucoup d'enfants comblés. Fallait voir leurs yeux quand les deux géants allaient leur serrer la main.

«Lutte familiale», donc, où il n'y a pas de coups de pied ni de coups de poing, pas de sang, pas d'alcool dans l'aréna, pas de chaises lancées dans l'arène, pas de lutteuses à demi nues... Mais beaucoup d'acrobatie, de mises en scène, d'imagination et d'humour.

Les méchants clowns Tapoche et Taloche, Spiderman - il lance deux adversaires en même temps -, le p'tit nain Tiger, l'inévitable Sheik d'Arabie, un psychopathe - Ballistic - en uniforme de prison, un joueur de football en uniforme complet, qui s'appelle T-Bone et qui nous vient de Pointe-aux-Trembles...

Bad Dog - c'est le nom que j'aurais choisi si j'étais lutteur, en honneur de vous-savez-qui - émet un seul son: Wouf! Wouf! Wouf! Quand son adversaire est étendu sur le matelas, il se met à quatre pattes et lève la jambe au-dessus du malheureux. Bad Dog est originaire de Saint-Jérôme.

Son premier combat à vie

La soirée a commencé avec Émile Rougeau, 10 ans, descendant d'une grande famille de lutteurs, qui disputait son premier combat à vie. Il a souffert, le petit. On a eu peur pour lui.

Son adversaire était un méchant cow-boy d'une dizaine d'années, habillé en noir. Il est arrivé avec un pistolet dans chaque main et en giguant. Ça virevoltait et ça culbutait dans tous les sens : je te lance dans les câbles et je t'accueille avec une savate. Mais à la fin, Émile s'est fâché et il a cloué les épaules de son adversaire au tapis pour le compte de trois. C'était émouvant.

Il y avait trois autres Rougeau dans le gala, dont Jacques, le père. Ils ont tous remporté leur combat, n'est-ce pas formidable?

Le combat final mettait aux prises les deux géants, Robert Maillet et Martin Paquette. Tous deux font plus de 7 pieds et 400 livres, encore plus dans le cas de Paquette. Ils sont passés par les gradins et je vous jure que les enfants se tenaient tranquilles.

Après le combat, il fallait faire la file pour leur parler.

Vous pouvez voir Robert Maillet dans le nouveau film Sherlock Holmes. C'est lui qui fait le... méchant géant. Maillet a fait carrière aux États-Unis, mais il ne lutte plus tellement.

«J'aime mieux faire du cinéma, nous dit ce gentil Acadien. Pour Sherlock Holmes, j'ai passé deux mois à Londres, traité comme un prince. J'ai beaucoup aimé mon séjour. Je viens de terminer un film avec Antonio Banderas, The Big Bang, et là, j'ai un rôle important. C'est un film noir.

«Je n'ai pas suivi de cours d'art dramatique, mais les autres comédiens me coachent pendant le tournage. J'apprends sur le tas. Il faut que les émotions viennent de l'intérieur.»

Martin Paquette disputait son premier combat à vie. Il ne semblait pas nerveux.

«Merci de me le dire, parce que j'étais pas mal nerveux. Mais avec un prof comme Jacques (Rougeau), je ne peux pas me tromper. Je suis prêt à recommencer n'importe quand.»

Martin Paquette est surpris de voir les enfants l'aduler. «Je pensais qu'ils auraient peur de moi. C'est drôle, ils me suivent...»

Tout ce beau monde part en tournée provinciale. Allez les voir. Vous allez rigoler et vos enfants vont vous aimer.