Wow ! Là, on ne parle plus de talent. On parle de courage, on parle de coeur, on parle de couilles grosses comme des pamplemousses.

Jean Pascal est toujours champion du monde WBC. Il a vaincu Adrian Diaconu par décision unanime en se battant avec un seul bras. Un spectacle incroyable. Le grand gaillard s'est luxé l'épaule droite trois fois pendant le match. Ou pour reprendre une expression bien québécoise, il s'est démanché l'épaule droite. Même qu'à la fin du neuvième round, c'était visible à l'oeil nu. C'est Russ Amber qui lui a replacé l'os dans la capsule.

Le docteur Pierre Meunier a confirmé après le combat que Jean Pascal s'était démis l'épaule. Une luxation provoque une douleur atroce. Et une fois l'épaule remise en place, elle continue à faire mal.

 

D'ailleurs, j'ai l'impression que Jean Pascal aura besoin d'une petite visite au docteur Marc Beauchamp, le spécialiste des épaules pas plus tard que ce matin. Après le combat, il donnait des entrevues avec un sac de glace sur l'épaule mais il est certain qu'il ne pourra continuer ainsi.

Russ Amber expliquait après le combat que Pascal est peut-être devenu trop puissant pour ses articulations. Les ligaments ne tiennent plus quand il décoche ses meilleurs coups.

Mais quand même, résister et battre un homme aussi coriace et dur que Diaconu avec un seul bras, c'est une démonstration incroyable de courage. Incroyable.

C'était parfait comme ça. Le moment le plus dangereux de la soirée d'Éric Lucas a été son entrée. Il aurait pu s'accrocher les pieds.

C'était parfait comme ça parce qu'il n'y a rien de plus triste que de voir un ancien champion manger une volée contre un type qui n'aurait pas été assez bon pour lui servir de partenaire d'entraînement.

C'était donc parfait que Ramon Pedro Moyano ait été choisi par Stéphane Larouche parce qu'il était incapable d'écraser une mouche en Abitibi par une belle soirée de juin. Éric Lucas l'a mis hors de combat en moins de quatre rondes et c'était parfait ainsi.

Quand Lucas est apparu sur l'estrade à une extrémité du Centre Bell, il s'est arrêté et on a senti qu'il savourait les applaudissements nourris des amateurs. Faut dire que c'était la première fois en cinq ans qu'il était applaudi de cette façon: «C'est vrai puisque mon dernier combat s'était déroulé au Danemark. À vrai dire, cette marche jusqu'au ring a sans doute été le meilleur moment de la soirée... avec mon crochet victorieux», a raconté Lucas après sa victoire.

Mais soyons sérieux. Un meilleur adversaire l'aurait frappé avec plus d'autorité. Moyano n'avait aucun punch. Il télégraphiait ses coups et n'avait aucun snap, ni dans ses rares jabs ni dans les moulinets qui lui servaient de crochets.

Mais au moins, Éric Lucas a pu mesurer son état. Il sait qu'il peut durer un round sans trop courir après son souffle. Il sait qu'il ne peut réussir facilement ce qui lui venait tout seul quand il avait 30 ans.

Mais il sait surtout qu'il a aimé ce qu'il a vécu et qu'il s'en est tiré avec le sourire.

C'était donc parfait. En attendant la suite.

TIGER WOODS: QUI VIT PAR L'IMAGE PÉRIT PAR L'IMAGE

Tiger Woods vient d'annoncer qu'il abandonnait le golf, le temps de sauver son mariage. Je répète et vous répétez: Tiger Woods abandonne le golf. Le plus grand golfeur de l'histoire. Trente-deux ans. Lâche. Abandonne. Arrête.

C'est correct puisque je présume qu'un mariage, une femme et des enfants sont plus importants qu'un tournoi de golf. Et qu'il est tout aussi évident que Tiger devait corriger son autre swing.

Mais c'est quand même incroyable. Les folies de Tiger sont de nature privée. Sauf qu'il est tombé dans un terrible piège. Il a collaboré à se fabriquer une image de perfection et d'équilibre qui lui a valu des centaines de millions supplémentaires.

Il a accepté qu'on se serve de son image pour lancer des fondations ou créer des oeuvres de charité. Ce qui en soi est bon et utile pour les gens dans le besoin.

Mais le problème, c'est que l'image finit par remplacer la substance. Et que c'est l'image qui prend toute la place.

Les publicitaires ont créé André Agassi au point de lui flanquer une moumoute Longueuil sur la tête à 22 ans et de lui faire dire que l'image était tout ce qui comptait. Heureusement, Agassi a pu camoufler pendant des années qu'il détestait le tennis et qu'il perdait ses cheveux. Pour ne pas nuire à son image.

En 1972, Elvis Presley avait répondu à une question d'un journaliste de New York qu'il était «extrêmement difficile d'être à la hauteur de son image». Cinq ans plus tard, il était mort. Noyé dans son image.

Si la grosse machine qui a créé l'image de Tiger Woods avait été moins efficace, les frasques du Tigre n'auraient pas provoqué pareil scandale. Mais puisqu'il était parfait, ses fautes et ses péchés prenaient une ampleur devenue incontrôlable.

Je ne dis pas que Tiger n'a pas commis des gestes mesquins et vulgaires. Et certaines incartades ont manqué de classe, on en conviendra. Mais dans le fond, c'est le traitement Échos Vedettes. Si tu racontes le début de tes amours dans le journal, il va falloir raconter le divorce aussi. Si tu as vendu ton image des centaines de millions, il va falloir payer le prix quand cette belle image va être fracassée.

Pour le reste, ce que j'apprends à propos de Tiger, je l'ai entendu 50 fois dans ma carrière. Kareem, Magic, Pete...

Heureusement, un joueur de quatrième trio dans la Ligue nationale n'a pas de problème d'image...

DANS LE CALEPIN Parlant d'image, on a eu droit hier soir au Centre Bell a une belle caricature d'un imbécile. Un animateur de CHOM est monté dans le ring, menotté, pour se faire battre par deux filles portant de gros gants. Les gens ont hué. Sans doute une brillante idée de Tony Marinaro.