Peu de gens sont capables de mal agir en sachant qu'ils agissent mal. Par exemple, personne ne se comporte de façon raciste ou sexiste en sachant que c'est exactement ce qu'il fait.

Les gens ont une conscience, quoi qu'on en dise.

Ce n'est pas très fréquent, en effet, d'entendre dire de façon claire: parce qu'ils sont hommes et blancs, le sort des hommes blancs n'a pas d'importance. Ou: les droits des femmes ni blanches ni chrétiennes n'ont pas à être défendus. Ou encore: nous excluons totalement les «autres» parce qu'ils ne sont pas des «nôtres». Mais ça arrive néanmoins.

 

Voyons voir.

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Un.

Hier, la flamme olympique a traversé Kahnawake sans escorte de policiers «blancs», refoulés. On sait déjà que la loi est appliquée différemment en territoire amérindien. Actuellement, un procès retentissant scrute le comportement de la police ontarienne, qui aurait refusé de protéger une famille blanche de Caledonia harcelée par des warriors... eux-mêmes protégés, cependant, par la police! Tout ça a un angle politique, bien sûr. Mais cette politique est dangereusement fondée sur la race, ce que chacun feint de ne pas voir!

Deux.

Asiatique d'origine et présidente de l'Université de l'Alberta, Indira Samarasekera veut aider les «hommes blancs» (a-t-elle dit pour faire image) mis en minorité dans les universités canadiennes. Les étudiants mâles ne sont plus que 42% et cela devient un lourd problème social, estime-t-elle. Pas question. Des étudiants l'ont ramenée à l'ordre: en aucune circonstance ne doit-on aider un homme blanc puisque les hommes blancs dominent le monde!

Trois.

Pourquoi, en certains endroits, les femmes n'ont-elles pas les mêmes droits qu'ailleurs? Parce qu'elles ont la peau plus foncée et sont musulmanes? Secrétaire d'État à la Ville dans le gouvernement français, Fadela Amara entend le bruyant silence qui entoure cette injustice - et qui sévit aussi au Québec, où elle est actuellement de passage. Là où existe «une appropriation du corps de la femme par les hommes, le port du voile, la recrudescence de pratiques archaïques intolérables comme l'excision, la polygamie ou les mariages forcés, (il faut) un «féminisme d'urgence», estime-t-elle.

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En fait, c'est une réflexion d'urgence sur la notion même d'égalité qui s'impose encore davantage.

La société change. Les situations potentiellement génératrices de discrimination changent aussi. Seuls les cadres idéologiques régissant le travail des diverses «polices de l'égalité» n'évoluent pas.

Quoique... ça arrive aussi.

Par exemple, la campagne de prévention de la violence conjugale, en cours jusqu'au 20 décembre, est remarquable à ce point de vue. Elle utilise une pub télévisée, maintenant bien connue, mettant en vedette le comédien Patrice Robitaille qui y rend un hommage émouvant aux femmes de sa vie. Cette pub est exempte des stéréotypes sexistes et de la violence extrême que de telles campagnes ont déjà véhiculés dans le passé (et que nous avions dénoncés dans cette colonne). Et elle prouve que... les gens ont une conscience, quoi qu'on en dise.

Il faut maintenant faire pareil, ailleurs, dans d'autres situations.