Nous publions aujourd'hui le premier de deux éditoriaux sur les controverses concernant le climat.

Devinette. Ce pays est un pétro-État corrompu, sauvage, sale, brutal et bientôt sous-développé, devenu le plus grand obstacle à la paix et à la stabilité dans le monde. Quel est-il? Selon George Monbiot, vedette internationale de l'écologie, c'est le... Canada, à cause des sables bitumineux et de Stephen Harper!

Amusant, n'est-ce pas? Allez, on continue.

Qui est un allié important des talibans et d'Al-Qaeda? Quelle est, ou sera, la cause du déclin de la circoncision en Australie? De l'augmentation de la prostitution sur les côtes? De la coloration plus vive des feuilles? De la coloration moins vive des feuilles? De la multiplication par neuf du prix de la bière? De l'écroulement de l'Union européenne? De la destruction de la démocratie? Des guerres nucléaires à venir?

 

Enfin (attachez votre CO2 avec de la broche): dans 40 ans, qu'est-ce qui tuera 8,5 milliards d'êtres humains, soit davantage qu'il y en a aujourd'hui?

Le réchauffement de la planète, bien sûr.

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Dans le dossier du climat, rien n'aura été plus dévastateur que la répétition incantatoire de prophéties apocalyptiques ou hallucinées.

C'est pourquoi le sommet de Copenhague, qui s'ouvre aujourd'hui, est lesté par un problème supplémentaire: la crédibilité du dossier est abîmée. Des scientifiques, même proches de l'ONU, le reconnaissent. Les grands médias, ces défenseurs zélés de la cause, deviennent plus circonspects. Le public commence à se méfier.

En outre, les histoires de Bonhomme Sept-Heures ne sont pas seules à avoir semé la dévastation.

Il y a le Climategate, l'affaire des courriels suspects, pas si bénigne qu'on l'a dit et objet de plusieurs enquêtes, dont une annoncée par l'ONU. Et il y a l'idéologie. Celle des éco-religieux, adorateurs de Gaïa, pour qui l'humain est une nuisance. Celle des nostalgiques du Grand Soir, qui ne veulent pas tant sauver la planète qu'accabler le capital, en un vert remake des années rouges.

Bref, si on veut progresser dans ce dossier, il faudra cesser de dire et de prédire n'importe quoi. Remercier les idéologues de leurs services. Arrêter de lancer des injures, réchauffistes contre négationnistes. Revenir à la position par défaut de la science, celle du doute, qui demeure grand dans ce dossier.

«Le réchauffement de la planète est une menace sérieuse (mais) pas une certitude. Il n'y a pas de certitudes en science. Le jour où les scientifiques cesseront de remettre en question l'orthodoxie, on aura renoncé à chercher la vérité. Les sceptiques ne doivent pas être réduits au silence», juge The Economist, qui demeure néanmoins pro-Copenhague.