Le surendettement de la Dubaï World, une société contrôlée par l'émirat, vient d'ébranler la Bourse à travers le monde. Tous les grands indices boursiers ont reculé de quelques points de pourcentage à la suite des révélations portant sur les problèmes financiers de la Dubaï World, aux prises avec une dette de 59 milliards US.

À vrai dire, je trouve que cette «crisette boursière» tombe à pic. Pourquoi? Parce qu'elle va ramener un peu de prudence dans la présente euphorie boursière. Du moins, je l'espère!

Je m'explique.

Depuis le creux boursier du début de mars dernier, la Bourse a littéralement explosé, dépassant la moyenne des rebondissements qui surviennent dans les six à 12 mois suivant la fin d'un «bear market» (cycle baissier). Le monde du placement (maisons de courtage, groupes de fonds communs de placement, firmes de planification financière, etc.) a retrouvé sa bonne mine, sa confiance et son enthousiasme d'avant la fabuleuse crise financière qui a fait chuter la Bourse de quelque 50%.

Par rapport à leurs creux respectifs de mars dernier, voici les hausses enregistrées par les grands indices boursiers jusqu'à mercredi passé, la veille de la publication de la nouvelle portant sur les problèmes financiers de la Dubaï World.

-S&P/TSX de Toronto: +55,6%

-S&P 500 de New York: +66,6%

-Dow Jones: +61,7%

-NASDAQ: +71,9%

-Russell 2000: +72,9%

-MSCI World: +68,4%

-Shenzhen de Chine: +125,0%

-Shanghai de Chine: +80,8%

-Hong Kong: +99,3%

-Russie: +186,8%

-Nikkei: +33,8%

-FTSE 100: +52,8%

-Dow Germany: +53,0%

-S&P/TSX 60: +53,2%

À la lumière de ces hausses spectaculaires, et surtout extrêmement rapides puisqu'elles sont survenues en l'espace d'à peine huit mois, il serait étonnant que les marchés puissent poursuivre leur folle envolée sans qu'une solide correction boursière (idéalement 10 %) ne vienne refroidir le débridant enthousiasme du monde du placement. Vu le niveau très élevé des indices boursiers, les mauvaises nouvelles à la Dubaï World risquent de créer des remous et d'amplifier les chutes quotidiennes.

Mais avec la Bourse, tout peut arriver! À preuve, aucun gourou de la haute finance n'avait prévu l'ampleur mondiale de la crise financière et de la déconfiture boursière survenues entre l'été 2008 et mars 2009. Et aucun gourou n'a d'autre part anticipé la spectaculaire flambée boursière des huit derniers mois.

La mise au point boursière étant faite, des courtiers en placement font actuellement le tour de leurs clients pour les convaincre de procéder à une révision de portefeuille.

On ne se le cachera pas. Dans la tête du courtier d'une maison de courtage, une «révision de portefeuille» est généralement synonyme de transactions boursières. Et quand le courtier vous appelle... c'est généralement pour vous recommander d'acheter. Surtout lorsque vous avez le portefeuille bien assis sur d'importantes liquidités.

Les courtiers ont horreur des liquidités. Il faut dire que ça ne les paie pas. Ce qui est payant pour une firme de courtage, c'est d'activer le plus possible le portefeuille de ses clients. C'est-à-dire multiplier les transactions boursières.

Les maisons de courtage veulent notre bien! Voilà pourquoi leurs conseillers font le tour des clients aux portefeuilles débordant de liquidités pour les inciter à investir massivement dans l'achat d'actions.

Deux observations s'imposent. Premièrement, pourquoi la majorité des conseillers n'ont-ils pas appelé leurs clients lorsque la Bourse était à son creux, en mars dernier, et que les titres se négociaient à prix d'aubaine par rapport à aujourd'hui où ils se négocient de 50 à 100% plus cher, et même plus?

Et deuxièmement, pourquoi les conseillers recommandent-ils à leurs clients d'investir aujourd'hui massivement en Bourse, alors qu'il n'y aurait presque plus de potentiel à la hausse d'ici plusieurs mois, selon les niveaux cibles établis par les stratèges des maisons de courtage?

Ah oui! Ils vont sans doute réviser leurs niveaux cibles à la hausse...