Novembre. Les Alouettes. La Coupe Grey. Et, trop souvent, la déception.

Les automnes ont eu tendance à se suivre et à se ressembler pour les Oiseaux depuis le début de la décennie. Six fois, ils ont atteint la grande finale. Cinq fois, ça s'est terminé dans les pleurs et les grincements de dents.

Leur seule victoire est survenue à Edmonton, en 2002, contre les Eskimos. Un match dont le quart Anthony Calvillo est le premier à dire qu'il n'a pas été son meilleur, même si sa performance lui a valu d'être choisi le joueur par excellence.

Pour le reste, les Oiseaux n'ont pas été trop regardants dans la défaite. Ils ont perdu dans la chaleur des amphithéâtres couverts et sur le gazon gelé des Prairies. Ils ont perdu à Calgary. Ils ont perdu à Regina. Ils ont perdu à Vancouver, à Winnipeg et à Montréal. Ils ont perdu deux fois contre les Lions, deux fois contre les Eskimos, une fois contre les Stampeders. Ils ont perdu. Beaucoup perdu.

L'occasion de mettre fin à cette triste tradition n'aura toutefois jamais été aussi belle que lors de la 97e finale de la Coupe Grey, dimanche, à Calgary. Non pas que les Roughriders de la Saskatchewan ne soient pas de solides adversaires: premiers dans l'Ouest en saison régulière (fiche de 10-7-1) et habilement menés par un quart très mobile, Darian Durant, ils pourront compter sur l'appui d'une foule bruyante et très majoritairement vêtue de vert et blanc, au stade McMahon.

«Ils ont beaucoup de bons joueurs, mais c'est surtout une équipe qui joue en équipe. Ils ont une belle chimie, a noté le maraudeur Étienne Boulay. Leurs unités spéciales sont excellentes, leur défense aussi, et ils sont très équilibrés en attaque. Leurs receveurs attrapent tout et font très peu d'erreurs.»

Mais les Alouettes, qui ont remporté facilement leurs deux duels contre les Riders cette année, sont les grands favoris de cette septième finale en 10 saisons. Ils ont survolé la concurrence, terminant la saison avec 15 victoires et trois défaites. Ils ont l'avantage de l'expérience, notamment au poste le plus important, celui de quart-arrière: à 37 ans, Calvillo est au sommet de son art, tandis que Durant, de 10 ans son cadet, en est à sa première saison comme partant. Ils dominent la LCF dans pratiquement toutes les catégories offensives et défensives. Et ils viennent de démantibuler (56-18!) leur bête noire, les Lions de la Colombie-Britannique.

«Difficile de dire si cette édition des Alouettes est la meilleure pour laquelle j'aie joué, mais ce que je constate, c'est qu'on n'a jamais fini une saison comme ça, même après s'être assurés du championnat de notre division», a dit Calvillo, l'un des quatre vétérans, avec Ben Cahoon, Bryan Chiu et Scott Flory, à avoir vécu les six matchs de la Coupe Grey précédents des Alouettes.

Une confiance tranquille

L'autre différence majeure, c'est la confiance tranquille qui émane des joueurs - la marque d'une équipe vraiment soudée. «Cette année, je suis plus calme, a noté Matthieu Proulx, qui en est déjà à sa quatrième participation à la grande finale. Tout le monde est rassurant, positif, calme, confiant. On a vraiment un vestiaire de professionnels et de vétérans. Ça relaxe tout le monde quand tu sais que ça ne repose pas juste sur tes épaules et que tout le monde va faire sa part.»

Une situation à laquelle n'est pas étranger l'entraîneur-chef Marc Trestman.

« (Le directeur général) Jim Popp fait un travail incroyable de recrutement et amène des joueurs de talent ici, a poursuivi Proulx. Mais Trestman en fait une équipe. Il s'est fait donner les outils et a vraiment bien travaillé pour que tout le monde connaisse son rôle et sa place. Il a le don de trouver le mot juste. Il fait ramer tout le monde dans la même direction. Une grande part de nos succès est attribuable à Marc Trestman.»

En fait, plus que toute autre chose, c'est l'influence de Trestman qui devrait inspirer confiance aux partisans des Alouettes. Méticuleux comme pas un, l'entraîneur a sûrement tiré toutes les leçons qui s'imposent de la défaite d'il y a un an, face aux Stampeders de Calgary, au Stade olympique. Son équipe, en santé à l'exception du receveur Andrew Hawkins, victime d'une fracture de la cheville en finale de l'Est, va arriver préparée comme jamais pour le match de dimanche.

«Cette équipe est spéciale», a-t-on entendu plusieurs fois dans l'entourage des Alouettes, ces derniers jours. Difficile d'être en désaccord. Mais pour en offrir la preuve définitive, les Alouettes sont condamnés à l'excellence. Ils devront faire abstraction de l'histoire des 10 dernières années et jouer à la hauteur de leurs considérables moyens pendant trois heures, dimanche. Quand ça compte. Le reste - les 15 victoires, les records et tout ça -, c'est du blabla.