Après l'Impact au soccer, Montréal pourra se targuer d'abriter une deuxième équipe championne en 2009 si les Alouettes mettent la main sur la Coupe Grey dimanche soir à Calgary. Un succès auquel la métropole a perdu l'habitude de goûter.

Ces dernières années, les amateurs de sport montréalais n'ont pas été choyés par leurs équipes professionnelles. À commencer par le Canadien qui, après avoir décroché la Coupe Stanley à 24 reprises, poursuit sa traversée du désert depuis 1993. Les joueurs du Tricolore ne sont même pas passés près de boire du champagne dans l'auguste trophée pendant cette accalmie. Quand on a vu les Maurice Richard, Jean Béliveau et Guy Lafleur mettre la barre aussi haute en paradant à volonté sur la rue Sainte-Catherine, le sevrage est d'autant plus pénible.

 

Durant cette première décennie des années 2000, on ne pourra reprocher aux Alouettes de ne pas avoir essayé de satisfaire leurs partisans. Saison après saison, le directeur général Jim Popp a construit une équipe très compétitive. Mais, au match ultime, la déception n'en a été que plus amère. Une seule conquête de la Coupe Grey en sept tentatives. Et elle remonte déjà à sept ans.

Il ne s'agit pas de prétendre que des Alouettes champions remplaceront le Canadien, même s'il croupissait dans les bas-fonds du classement, dans le coeur des Montréalais. Le départ d'un Guillaume Latendresse déchaînera toujours plus les passions, sur les tribunes radiophoniques du «prophète» Ron Fournier ou aux débats cacophoniques de 110%, qu'une prestation spectaculaire du quart Anthony Calvillo en finale de l'Est.

On en a eu une autre preuve l'an dernier quand la haute direction du Canadien avait eu l'indélicatesse d'orchestrer le retrait du chandail de Patrick Roy la veille du match de la Coupe Grey à Montréal, détournant ainsi toute l'attention médiatique qu'aurait méritée le rendez-vous annuel du football canadien. La compétition était tout simplement inégale.

Cependant, on ne saurait négliger l'effet rassembleur qu'entraînent les prouesses d'une équipe professionnelle. Soudainement, il n'y a plus de francophones, d'anglophones, d'allophones. Que des partisans soudés derrière leurs favoris. Un triomphe des Alouettes contribuerait à étancher un brin notre insatiable soif d'équipes championnes. Le retour au boulot, lundi matin, se ferait d'un pas plus léger.

Le temps de quelques heures, ça nous changera des dossiers déprimants du contrat des compteurs d'eau, de la corruption dans l'industrie de la construction, de la crise économique ou des échanges acrimonieux à l'Assemblée nationale. Le maire Gérald Tremblay ne demanderait pas mieux que d'accueillir l'équipe de football à l'hôtel de ville (à condition qu'il ne confonde pas les Alouettes avec les Expos, ou la Coupe Grey avec la Coupe Stanley, comme en 2002!)

À bien y penser, Montréal n'a vraiment rien à envier à sa grande soeur torontoise. Qui voudrait échanger sa place avec les résidants de la Ville reine, souffre-douleur des Maple Leafs, des Raptors et des Argonauts?