Dans la dernière ligne droite avant Copenhague, alors qu'il devient évident que les instances politiques n'adopteront pas de mesures extrêmes en matière d'environnement, les côtés les plus détestables de la cause écologiste ressortent. Il s'agit des deux flancs d'un corps commun, celui de l'idéologie.

Le premier est illustré par La Rage du climat, un long texte éditorial que signe Naomi Klein dans Rolling Stone.

 

Klein, auteure de No Logo, est la grande star canadienne de toutes les causes accréditées: altermondialisme, anticapitalisme, féminisme, pacifisme et écologisme. Selon elle, la planète ne sera sauvée que par une saignée massive des pays riches, effectuée à la fois par des coupes draconiennes dans leur économie du carbone et par le versement de rentes pharaoniques (pouvant atteindre 400 milliards US par année!) aux pays en émergence.

Le second flanc idéologique de la cause environnementale se révèle par le mariage de celle-ci avec les establishments religieux.

Certes, on a jadis identifié dans cette colonne le caractère néo-biblique de certains prêches écolos, révélé dans la séquence: paradis-péché-sacrifice-rédemption-paradis. Mais, dans l'après-Gore, on croyait cette ère révolue. Or, en particulier en Europe, apparaît une «théologie environnementale» (The Economist) approuvée avec enthousiasme par les différentes confessions. Et un tribunal britannique décrète (dans Nicholson c. Grainger) que les convictions écologistes sont comparables en droit à une croyance religieuse et sont donc protégées!

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Il est difficile de déterminer lequel des deux phénomènes est le plus nocif.

Certes, tout ce qui s'associe à la religion suscite fatalement la méfiance. Mais ce n'est pas le pire. La thèse de la «dette climatique» du Nord envers le Sud, que défend Naomi Klein, est plus vaine encore.

Elle descend en droite ligne, en effet, du tiers-mondisme culpabilisant que la bourgeoisie intellectuelle occidentale avait bricolé dans les années 60. L'écroulement de cette construction idéologique devait être constaté par Pascal Bruckner, en 1983, dans son célèbre Sanglot de l'homme blanc. Or, cet édifice, même rénové, n'a aucun avenir.

D'abord, comme le tiers-mondisme à papa, il propose uniquement de punir l'Occident, non pas coupable comme autrefois de colonialisme, d'impérialisme, d'esclavagisme, de racisme ou d'exploitation, mais cette fois de pollution. Ensuite, déplacer des masses de fric est sans aucun effet sur l'environnement, à moins d'avoir une idée de ce qu'on en fera et la certitude qu'il ne s'évaporera pas; nous n'avons ni l'une ni l'autre. Enfin, c'est dans la recherche scientifique et l'innovation technologique que le fric doit aller s'il va quelque part, car c'est par elles que l'humanité parviendra un jour à vivre sans trop blesser la planète.

En somme, rien ne sert de sangloter sur le CO2 de l'homme blanc.