On dit qu'en politique, une semaine est une éternité. Imaginez deux semaines dans le merveilleux monde du Canadien de Montréal.

Il y a 15 jours à peine, je qualifiais le CH d'«équipe en progression». De deux choses l'une. Ou je vais devoir aller faire ajuster ma médication. Ou alors Isaac Newton - à moins que ce ne soit RBO? - avait raison quand il a dit que «tout ce qui monte retombera».

 

Les horribles statistiques publiées hier à la une des Sports en disent long sur l'ampleur des problèmes dans lesquels le Canadien est englué. Voilà une équipe qui s'en remet à une poignée de joueurs pour marquer trop peu de buts. Qui commet plus de revirements que n'importe quel autre club de la LNH. Qui ne marque à peu près pas en supériorité numérique. Qui pourrait aussi bien arrêter de jouer tout de suite quand elle tire de l'arrière après deux périodes.

Ce n'est pas très joli.

On a su dès le premier match de la saison que l'hiver serait long pour le Canadien. Quand Andrei Markov a quitté la glace du Air Canada Centre de Toronto, victime d'une lacération des tendons de la cheville gauche, le CH est subitement devenu une équipe bien ordinaire. Et tous les Marc-André Bergeron et Jay Leach de ce monde n'y changeront rien.

Le Canadien s'ennuie mortellement du talent de Markov comme quart-arrière de l'attaque à cinq. Il s'ennuie de son brio défensif, de son habileté à relancer l'attaque, de sa capacité à jouer 25 minutes par partie, soir après soir après soir.

Mais ce n'est pas Markov qui lance à côté du filet plus d'une fois sur deux, comme Guillaume Latendresse. Ce n'est pas lui qui est redevenu un simple agitateur (pas particulièrement agité, d'ailleurs) incapable de marquer des buts, comme Maxim Lapierre. Ce n'est pas lui qui s'avère incapable de profiter des innombrables chances que Jacques Martin lui a données de jouer au sein des deux premiers trios, comme Andrei Kostitsyn. (Même si, soyons juste, AK 46 commence à sortir de son hibernation.)

Ce n'est pas non plus Andrei Markov qui commet des revirements à la tonne, comme Scott Gomez et Hal Gill (on va excuser Roman Hamrlik et Jaroslav Spacek, forcés de passer de trop longues minutes sur la patinoire). Ce n'est pas Andrei Markov qui est encore trop vert pour la LNH - ce serait plutôt Max Pacioretty. Et ce n'est pas l'absence d'Andrei Markov qui contraint Martin à s'en remettre à Tom Pyatt, tout juste promu de Hamilton, pour épauler Tomas Plekanec au sein du deuxième trio.

Le secret du succès du Canadien cette année, c'est de s'arranger pour rester potable jusqu'au retour de Markov, après les Jeux olympiques. Et de mettre le paquet dans la dernière ligne droite, en espérant qu'une place en séries ne soit pas déjà hors de portée.

Mais pour ça, il faudra que certains attaquants des deuxième, troisième et quatrième trios, pour la plupart des survivants de l'équipe de l'an dernier, commencent à mieux jouer. Il va falloir que les Latendresse, Lapierre, Pacioretty, D'Agostini, Kostitsyn, qui ont marqué un grand total de six buts jusqu'ici, commencent à la mettre dedans de temps en temps.

En sont-ils capables?

Montréal dort au gaz

Lancé lundi par le premier ministre Jean Charest, le comité Équipe Québec a pour mandat d'étudier les besoins en infrastructures sportives de la Capitale nationale, en vue d'attirer à Québec des compétitions sportives d'envergure internationale et, éventuellement, les Jeux olympiques d'hiver.

C'est une excellente initiative pour Québec, d'autant que le comité sera présidé par un homme capable, Claude Rousseau, ancien cadre supérieur chez Bell devenu président des Remparts de Québec.

Mais pendant que Québec, qui a organisé avec succès le championnat du monde de hockey 2008, se positionne comme ville de sport, Montréal dort au gaz.

En février 2008, le comité exécutif de la Ville de Montréal a reçu un rapport sur l'aide à l'élite sportive, fruit d'une vaste consultation. On y recommandait notamment la création d'une organisation chargée du démarchage en vue d'attirer des événements sportifs majeurs dans la métropole. Deux ans plus tard, rien n'a bougé.

Dans ce rapport de janvier 2008, la Commission permanente du conseil d'agglomération sur les grands équipements et les activités d'intérêt d'agglomération (tous les maux de Montréal sont dans ce nom impossiblement compliqué) soulignait que l'absence de vision et de leadership fort dans la région de Montréal nuisait au développement du sport d'élite.

Rien n'a changé depuis, malheureusement.

Précisions

Contrairement à ce que j'écrivais dans ma chronique de mardi, Bridgestone ne quitte pas la F1 immédiatement, mais au terme de la saison 2010. Et la FOTA est l'Association des équipes de F1, pas celle des constructeurs.

S Pour joindre notre chroniqueur: jbegin@lapresse.ca.