Commencez-vous à avoir la fièvre olympique? Moi si. C'est Charles Hamelin qui me l'a donnée.

La «locomotive de Sainte-Julie», comme le surnommait l'annonceur de l'aréna Maurice-Richard, a laissé la compétition loin derrière lui lors de la Coupe du monde de patinage de vitesse courte piste, ce week-end. À trois mois des Jeux olympiques de Vancouver, l'athlète de 25 ans nous a donné un extraordinaire aperçu de sa capacité à exceller malgré la pression.

Avec trois médailles individuelles et une autre en relais, Hamelin s'est alloué la part du lion de la récolte de six médailles de l'équipe canadienne.

Le père de Charles, Yves Hamelin, directeur de l'équipe de courte piste, était aux anges au terme de la compétition - et pas seulement à cause des résultats remarquables de son aîné.

La demi-douzaine de podiums canadiens correspond en effet à l'objectif fixé en vue des Jeux de Vancouver, où le Canada espère finir premier au total de médailles, tous sports confondus. «On est très satisfaits, a dit Yves Hamelin. Avec un environnement digne d'un championnat du monde, on s'est démarqués dans toutes les distances. On est là où l'on voulait être. À la Coupe du monde de Marquette, la semaine prochaine, on apporte les touches finales et on va être prêts pour les Jeux.»

De là à dire que le scénario hollywoodien des derniers jours va nécessairement se répéter à Vancouver en février, il y a un pas qu'il faudrait se garder de franchir trop vite.

Car en volant le spectacle, Charles Hamelin a peut-être aussi démontré, bien involontairement, à quel point l'atteinte de l'objectif canadien passe par des performances exceptionnelles de sa part. Kalyna Roberge, médaillée d'argent dans le 500 m féminin, a été la seule autre médaillée individuelle, en plus d'apporter sa contribution au relais féminin, qui a gagné le bronze.

«L'objectif de six médailles est réaliste si tout le monde réussit aux Jeux sa meilleure performance des deux dernières années. Mais il n'est pas réaliste de penser que tout le monde va réussir», a estimé le quintuple médaillé olympique Marc Gagnon, spectateur attentif des épreuves d'hier.

«Ça s'annonce correct, mais comme analyste juste et objectif, je dois dire qu'à l'exception de Charles Hamelin, il y a beaucoup de travail à faire, a ajouté Gagnon. Le potentiel pour six médailles est là, mais pour être réaliste, je dirais quatre.»

Les deux relais sont des valeurs à peu près sûres. Depuis l'introduction du courte piste aux Jeux en 1992, seul le relais masculin des Jeux de Lillehammer a raté le podium. Mais les mésaventures du relais féminin, hier - il est passé en finale A sur disqualification de la Corée et a été victime d'une chute dans la course ultime - nous rappellent qu'à la loterie du courte piste, il est facile de tirer le mauvais numéro.

Le directeur général de la Fédération de patinage de vitesse du Québec, Robert Dubreuil, rappelle que le Canada a déjà gagné six médailles lors des Jeux de Salt Lake City, en 2002. Mais il qualifie néanmoins d'«ambitieux» l'objectif de six podiums. «Si Kalyna Roberge et Charles Hamelin ne sont pas à leur summum, ce sera difficile d'aller chercher six médailles», reconnaît-il.

Être ambitieux est loin d'être une tare, remarquez. Et il est vrai que d'autres patineurs, notamment le vice-champion olympique sur 500 m, François-Louis Tremblay, relégué au quatrième rang de la finale après avoir raté un dépassement, a des prétentions légitimes au podium olympique. «Il a fait 14 podiums en 16 Coupes du monde depuis trois ans», a souligné Yves Hamelin.

N'empêche, pour que le Canada connaisse du succès, il semble plus évident que jamais que Charles Hamelin devra se montrer à la hauteur de son surnom de «locomotive». Et tirer dans son sillage certains de ses coéquipiers, comme Olivier Jean qui, disons-le poliment, n'a pas fait l'étalage de son grand potentiel, ces derniers jours.

«Le succès passe par ceux qui dominent, a souligné la doyenne de l'équipe féminine, Tania Vicent, qui en sera à ses quatrièmes Jeux. Les garçons s'entraînent avec le meilleur au monde. Je m'entraîne avec Kalyna. C'est un avantage.»

À condition d'en profiter, bien sûr.

Ah, les agents!

C'est à cause de gens comme Allan Walsh que les agents de joueurs ont mauvaise réputation.

L'agent de Jaroslav Halak peut bien plaider qu'il «blaguait» et blâmer le manque de sens de l'humour des Montréalais, il savait très bien ce qu'il faisait quand il a rappelé sur Twitter la fiche désastreuse (10-32) de Carey Price à ses 42 derniers matchs, samedi soir.

Qu'un agent de joueur défende son client, c'est normal. Qu'il le fasse en lançant publiquement des flèches assassines à propos d'un coéquipier du client en question, c'est vraiment manquer de classe. Et c'est une belle façon de semer la zizanie dans le vestiaire d'une équipe.

Si Walsh avait quelque chose à dire - et il est vrai que la fiche de Price lui donne le droit de poser des questions -, il aurait dû appeler Bob Gainey. Mais c'est tellement moins forçant de taper 140 caractères sur Twitter...