C'est une des grandes aberrations montréalaises: une île dont les habitants n'ont pas accès à l'eau. Ou si peu.

Depuis des années, les Montréalais réclament de voir leur fleuve. Ils aimeraient déambuler au bord de l'eau comme le font les gens de Québec sur la magnifique promenade Champlain. Ils souhaiteraient admirer le lever du soleil assis dans un parc qui longerait le boulevard Notre-Dame ou encore, rouler à vélo entre le Vieux-Montréal et l'Île des Soeurs. On leur répond toujours la même chose: c'est compliqué, il y a les activités portuaires, on va y penser.

 

L'attente a assez duré.

Montréal traîne son spleen depuis des mois, voire des années, à la recherche d'un projet mobilisateur qui enthousiasmerait les Montréalais tout en embellissant la ville et en la rendant plus attrayante pour les touristes. Ce projet est tout trouvé: Montréal, ville ouverte sur son fleuve.

Les deux partis de l'opposition ont déjà un plan dans leurs cartons. Vision Montréal mise sur l'obtention de l'exposition universelle pour réaliser le projet Rives nouvelles, proposé par Benoit Labonté l'an dernier. Un ambitieux plan qui demande de relocaliser certaines activités portuaires. D'autres villes l'ont fait, il faut étudier sérieusement les possibilités de réaliser un tel aménagement chez nous. De son côté, Projet Montréal a articulé sa proposition autour de l'entrée maritime de la ville. Le parti de Richard Bergeron cite en exemple la pointe de l'île Sainte-Hélène, qui pourrait mettre en valeur un bâtiment à l'architecture forte, mais qui accueille plutôt un... stationnement. Son parti propose également d'aménager les alentours du pont Jacques-Cartier, abandonnés, en développant ce qu'il a baptisé le Quartier des berges, un projet d'habitation où on pourrait également retrouver un parc, des commerces, des restaurants ainsi que des installations culturelles. Une autre idée intéressante. Les deux partis ont également suggéré d'aménager des plages autour de l'île. Amusant quoique beaucoup moins urgent. Les plages, l'hiver, dans une ville nordique, c'est moins invitant.

Union Montréal n'a pas encore dévoilé ses engagements sur la question de l'accès au fleuve, mais on sait au moins que le maire, Gérald Tremblay, appuie le projet de Société du Havre qui projette, entre autres, l'abaissement de l'autoroute Bonaventure et son déplacement éventuel entre les ponts Victoria et Champlain. M. Tremblay en fera-t-il une de ses priorités? On ne veut rien dire pour l'instant.

L'accès au fleuve est devenu une question encore plus pertinente cette semaine avec la nomination de Cameron Charlebois au poste de vice-président immobilier de la Société immobilière du Canada. Il sera responsable de revaloriser le silo no 5. C'est une excellente nouvelle, il est plus que temps de développer ce secteur qui a tout le potentiel pour devenir un point fort de la métropole.

Bref, les astres semblent alignés pour ouvrir Montréal sur son fleuve. Sautons sur l'occasion.