Décidément, les deux co-chefs de la direction de Research In Motion, Jim Balsillie et Michael Lazaridis, n'ont pas peur des enquêteurs de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario (CVMO) et de l'Autorité des marchés financiers (AMF), ni même de ceux de la US Securities and Exchange Commission (SEC). 

Les deux hauts dirigeants ont vendu des blocs d'actions à peine quelques jours avant de dévoiler de décevants résultats financiers qui allaient faire tomber leur titre en Bourse. Juste après la fermeture de la Bourse, à 16h05, jeudi 24 septembre dernier, Research In Motion (RIM), dévoilait les résultats de son deuxième trimestre. Décevant les attentes des analystes et des gros investisseurs, le titre de l'inventeur du populaire Blackberry s'effondrait en Bourse le lendemain alors que l'action perdait plus de 18$ en l'espace d'une journée. D'un haut de 93,76$ la veille, le titre bouclait la séance du 25 septembre à 75,04$.

Or, le lundi 21 septembre, Michael Lazaridis liquidait sur le marché un bloc de 20 500 actions, au prix moyen de 90,60$, récoltant ainsi une recette brute  de quelque 1,9 million de dollars.

Le lendemain, c'était au tour de Jim Balsillie de liquider, par l'entremise d'une compagnie personnelle à numéro, un bloc de 73 203 actions, à prix moyen 90,50$, pour une recette brute de 6,6 millions.

Les deux grands patrons de Research In Motion ne se sont pas limités à ces seules transactions de vente au cours des mois de septembre et d'août.

Jim Balsillie a multiplié les transactions de vente lors des séances boursières des 19 et 24 août et celles des 2, 11, 15 et 22 septembre. Nombre total d'actions vendues: environ 472 000, pour des recettes totales de quelque 40 millions de dollars. La majorité des ces actions ont été acquises par l'entremise d'exercice d'options à 4,05$ l'action.

Pour sa part, son collègue Michael Lazaridis a liquidé des blocs d'actions lors des séances boursières des 12, 21, 24 et 31 août dernier, et lors des séances des 8, 14 et 21 septembre.

Au total, il a vendu quelque 200 000 actions, pour une recette totale de l'ordre de 17 millions.

Ces actions provenaient de l'exercice d'options au prix aubaine de 4,05$.

Les informations sur les nombreuses transactions de vente de MM. Balsillie et Lazaridis proviennent des opérations d'initiés qu'ils ont rapportées aux diverses commissions de valeurs mobilières, dont la CVMO, l'AMF et la SEC. 

En vertu de la Loi sur les valeurs mobilières, les initiés n'ont pas le droit d'effectuer des transactions d'achat ou de vente d'actions dans les jours ou semaines qui précèdent le dévoilement de nouvelles importantes non encore connues du public.

Compte tenu de l'impact dramatique que le dévoilement des résultats financiers du second trimestre de Research In Motion a eu sur le titre, il sera particulièrement intéressant de voir de quelle façon les enquêteurs des organismes de surveillance des marchés financiers vont percevoir les ventes d'actions des deux hauts dirigeants de l'entreprise.

Il faut croire que MM. Balsillie et Lazaridis ne voyaient, eux, aucun problème à liquider massivement des actions juste avant l'annonce des résultats financiers du 24 septembre.

Ils devaient savoir ce qu'ils faisaient... D'autant plus qu'ils connaissent bien la force de frappe des enquêteurs de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario et de la US Securities and Echange Commission.

Le 5 février dernier, les dirigeants de Research In Motion ont écopé d'une amende de 83 millions de dollars  pour avoir antidaté des options sur une période de 10 ans. Il s'agissait ici d'une amende record dans ce genre d'affaires au Canada.

La stratégie se résumait comme suit: dans le dessin de réaliser un maximum de profits, les dirigeants de Research In Motion avaient inscrit dans les livres comptables de la compagnie qu'ils avaient acquis leurs options d'achat plus tôt, soit lors des années où la valeur du titre était à son plus bas.

Notez que les deux grands patrons de Research In Motion n'ont, cependant, pas été accusés de fraude. Ils se sont fait réprimander pour avoir manqué à leurs devoirs et responsabilités de dirigeants.

Comme le titre est également négocié sur le NASDAQ, les deux dirigeants l'ont vraiment échappé belle, la SEC étant reconnue pour être plus agressive que la CVMO et l'AMF. 

Le titre de Research In Motion (RIM) se négocie actuellement autour des xxxxxxxx$, en baisse donc de xxx% depuis la décevante annonce du 24 septembre.

Si cela peut rassurer les actionnaires de l'entreprise, sachez que les analystes des maisons de  courtage restent dans l'ensemble optimistes:  27 d'entre eux en recommandent l'achat, à comparer à cinq qui en recommandent la vente et à 14 qui le conservent.