Montréal est une véritable jungle urbaine pour les cyclistes, dont la vie est plus menacée que jamais... Du moins, voilà ce que prétendent médecins et chauffeurs d'autobus qui, manifestement, ne roulent pas souvent à deux roues en ville.

Quiconque s'est habitué à circuler à vélo à Montréal ces dernières années vous le dira: l'augmentation du nombre de cyclistes, le prolongement des pistes cyclables ainsi que la présence accrue des policiers ont plutôt rendu la pratique du vélo plus sécuritaire. Sceptique? Les statistiques le prouvent pourtant: le bilan routier cycliste s'améliore d'année en année, selon les données 2004-2008 du Service de police de Montréal (les chiffres de 2009 ne sont pas disponibles).

De façon générale, depuis cinq ans, on constate en effet que le nombre d'accidents impliquant un cycliste est en nette diminution: de 818 en 2004, il est passé à 701 en 2008. Certes, il y a eu une légère hausse des blessés mineurs en 2007, mais la réduction sur cinq ans atteint néanmoins un impressionnant 15%. Une hécatombe, vous dites?

Le nombre de morts? Il a augmenté de 2004 à 2006, passant de deux à cinq. Mais depuis, il est retombé à deux décès annuellement. On stagne, donc. Les médecins déchiraient pourtant leur chemise dans un texte publié samedi dernier dans La Presse, parce qu'il y a eu cette année... trois morts. Malgré l'apparition du Bixi, on reste tout à fait dans la moyenne.

Les blessés graves seraient-ils davantage en cause, comme le soutient le Dr Faramarze Dehnade, chef du Service d'orthopédie du CHUM? «Il y a une augmentation des cas en général, soutient-il. Depuis quelques années, on le voit.»

Or encore une fois, les statistiques vont dans le sens contraire. De 2004 à 2008, le nombre de blessures graves est passé de 52 à 34, une baisse de 35%! Vrai, on a assisté à une hausse de 26% de 2007 à 2008. Mais cela n'est attribuable qu'aux données anormalement basses de 2007, alors que le nombre de blessés graves atteignait un creux historique, à 27. Rien d'étonnant à ce que l'on constate une hausse l'année suivante!

«Les cyclistes ont une sorte d'immunité totale. Ils font ce qu'ils veulent comme s'ils avaient tous les droits», lance le Dr Dehnade, faisant ainsi écho à l'impression générale que les accidents très médiatisés de Toronto, Ottawa et Montréal nous ont laissée ces dernières semaines.

Or s'il est vrai que les cyclistes sont plutôt indisciplinés à Montréal (de grâce, excluons de la réflexion les courriers à vélo, qui donnent une bien mauvaise réputation à l'ensemble des cyclistes malgré leur faible nombre), ils ne sont pas impliqués dans plus d'accidents. Et ce, même si le nombre de vélos en ville est en hausse fulgurante!

Cela confirme ce que les experts ont observé cet été dans plusieurs villes où la bicyclette gagne du terrain, comme Lyon, Strasbourg et Paris (55% plus de cyclistes, 8,5% moins d'accidents). On appelle cela la théorie du «strength in numbers»: plus il y a de cyclistes, moins il y a d'accidents impliquant des cyclistes.

Voilà pourquoi vous avez huit fois plus de risque d'avoir une collision avec une auto à vélo en Amérique du Nord qu'en Europe, même si les cyclistes constituent ici une part moins importante des usagers de la route.

Les cyclistes, on le voit bien, ne sont pas à l'origine d'un plus grand nombre d'accidents, seulement d'un agacement grandissant.

10%

Une étude récemment publiée par un chercheur de l'Université de Toronto conclut que les cyclistes sont responsables d'à peine 10% des accidents entre vélos et autos.

 

 

 

 

 

Photo François Roy, archives La Presse

Un cycliste de 80 ans a été happé mortellement le 2 septembre à Montréal. Mais de façon générale, le bilan routier s'améliore.

Péage: un succès

La ville par qui le péage est redevenu tendance dans le monde se réjouit de son initiative. Une récente étude révèle en effet que les embouteillages ont baissé de 18% à Stockholm, en Suède, depuis la mise en place du réseau de péages urbains, en 2005. Même qu'on a multiplié par trois le nombre de voitures vertes, dont les propriétaires n'ont pas à acquitter le péage, selon le quotidien Dagens Nyheter, traduit par le Courrier international.

 

 

 

 

 

Photothèque La Presse

Les embouteillages ont baissé de 18% à Stockholm depuis l'instauration des péages urbains.

LEED, etc.

Après les différentes déclinaisons de la certification LEED pour les édifices verts, voilà le «LEED quartier». Créé il y a deux ans par le U.S. Green Building Council, cette certification vise la création de quartiers verts, où il fait bon marcher et pédaler, où l'auto n'est pas nécessaire pour se rendre au dépanneur, où les maisons sont construites écologiquement, etc. La Corporation Proment a présenté jeudi dernier le plan directeur d'un nouveau quartier situé au bord du fleuve Saint-Laurent, du côté nord de L'Île-des-Soeurs, qui tentera d'obtenir cette certification.

Photo fournie par la Corporation Proment