Si le Canadien espérait entreprendre sa nouvelle saison à l'abri de la controverse, c'est raté.

Si le Canadien espérait entreprendre sa nouvelle saison à l'abri de la controverse, c'est raté.

Bob Gainey n'est visiblement pas allé assez loin dans son grand ménage estival, pourtant assez exhaustif merci. La décision de Sergei Kostitsyn de ne pas se présenter aux Bulldogs de Hamilton et de réclamer une transaction replonge l'équipe dans une polémique semblable à celles qui ont transformé en cauchemar la saison 2008-2009.

Pour le renouveau, on repassera.

On ne manquera sûrement pas d'accuser Gainey et Jacques Martin d'avoir précipité la crise en cédant le cadet des frères K. à Hamilton. Surtout que Sergei venait de connaître un bon match préparatoire contre les Bruins de Boston.

Admettons. Reste que les dirigeants du Canadien ont fait ce qu'il fallait. Kostitsyn ne s'est pas distingué au camp. Il a manqué l'autocar de l'équipe pour Québec et il s'est attiré les foudres de Martin pour son manque d'ardeur à l'entraînement, la semaine dernière. Pas très impressionnant de la part d'un joueur dont les frasques et le rendement quelconque lui avaient déjà valu un séjour punitif à Hamilton l'hiver dernier.

Kostitsyn a 22 ans et beaucoup de talent. Mais il n'est pas aussi bon, ni aussi indispensable, qu'il a l'air de le croire. Les partisans du Canadien auraient été en droit d'espérer qu'il surmonte la déception initiale causée par son renvoi aux Bulldogs, fasse le ménage dans sa tête de linotte et aille virer la Ligue américaine à l'envers pendant un mois ou deux. Le Canadien, qui ne déborde pas de talent offensif en dehors de ses deux premiers trios, l'aurait sûrement rappelé tôt ou tard.

Au lieu de quoi, le bon Serge fait fi de la recommandation de son agent, le respecté Don Meehan, et exige d'être échangé. On commence à comprendre pourquoi Sergei et Mikhail Grabovski ne peuvent pas se sentir : ils se ressemblent trop ! Deux jeunes coqs qui se croient déjà les maîtres de la basse-cour et qui agissent comme les supervedettes qu'ils ne sont pas.

En fait, la réaction de Kostitsyn prouve la justesse de l'évaluation de Jacques Martin. S'il veut repartir sur de nouvelles bases cette année, le Canadien n'a pas besoin d'un joueur qui pense être le seul à avoir le pas. Et dont le départ prévisible, soyez-en certains, ne fera pleurer personne dans le vestiaire.

Et son frère Andrei, dites-vous? Comment réagira-t-il? À ce que je sache, il est majeur et vacciné et n'a pas attendu que Sergei débarque en Amérique du Nord pour faire ses débuts dans la LNH. Au nom de quoi faudrait-il absolument qu'il joue avec son frangin? Que les jumeaux Sedin viennent en paquet de deux, c'est une chose. Mais les frères Staal portent des uniformes différents et ça ne les empêche pas, comme les Sutter avant eux, de connaître de belles carrières.

En fait, le départ prévisible de Sergei est une belle occasion pour Andrei de s'intégrer réellement à l'équipe, qui aura besoin de son dynamisme offensif si elle veut marquer un nombre raisonnable de buts cette année.

Évidemment, rien ne garantit que Sergei, s'il finit par être échangé, ne finira pas comme Mike Ribeiro, François Beauchemin, Stéphane Robidas ou John LeClair, pour ne citer que quelques-uns des nombreux joueurs qui ont révélé la pleine mesure de leur talent après leur départ de Montréal.

Raison de plus pour ne rien précipiter. Rien n'oblige Gainey à exaucer illico le souhait de son joueur récalcitrant, dont la valeur n'est sûrement pas à son zénith. Un autre Janne Niinimaa est la dernière chose dont le Canadien a besoin présentement.

Kostitsyn voulait partir? Il aurait dû le demander discrètement et avoir l'intelligence de se rendre à Hamilton, où, sous la supervision éclairée de Guy Boucher, il aurait pu prouver sa valeur aux autres directeurs généraux de la LNH. Qui sait, il aurait peut-être même fini par descendre de ses grands chevaux et accepté de revenir à Montréal.

Au lieu de quoi, il s'est bêtement peinturé dans le coin. Kostitsyn sera mal placé pour se plaindre si Gainey décide de le laisser sécher un peu. Il l'aura bien cherché.