Après les Joe Louis distribués en Afghanistan par l'ex-ministre des Affaires étrangères Maxime Bernier, la visite de Stephen Harper au siège social de Tim Horton's en Ontario, en pleine Assemblée générale de l'ONU à New York.

Décidément, la politique étrangère du gouvernement conservateur repose sur des calories vides...

Stephen Harper était bel et bien à New York, mardi soir, en marge de l'assemblée générale de l'ONU, pour un dîner avec une trentaine d'autres chefs d'État et de gouvernement sur les changements climatiques. Son bureau a d'ailleurs envoyé au moins quatre photos officielles pour bien démontrer qu'il était présent. De toute évidence, on voulait prouver qu'il est préoccupé par les changements climatiques, contrairement à ce qu'a dit cette semaine à La Presse le président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), Rajendra K. Pachauri.

M. Harper a toutefois promptement repris son avion pour revenir au Canada, hier matin, afin de visiter le nouveau centre d'innovation (?) de Tim Hortons à Oakville, en Ontario. Le premier ministre a donc commenté les derniers développements à l'ONU devant un présentoir de beignets à Oakville, pendant que le président américain Barack Obama prononçait son tout premier discours devant l'Assemblée générale.

Ça ne fait pas très sérieux: un premier ministre devant des beignets en train d'expliquer sa décision (justifiée, par ailleurs) de boycotter le discours du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad.

Le geste de M. Harper aurait eu plus de poids à New York, où il aurait pu, par ailleurs, écouter en personne l'appel du président Obama en faveur d'un nouveau multilatéralisme. Et le nouveau plaidoyer du président français Nicolas Sarkozy pour une réforme de l'ONU.

Les absents, c'est connu, ont toujours tort. Surtout quand on préfère les Timbits aux grands pourparlers diplomatiques. Lester B. Pearson va se retourner dans sa tombe...

Stephen Harper a déjà qualifié l'ONU de «coalition de n'importe qui - du bon, de la brute et du truand». Dans la fameuse vidéo de Sault-Sainte-Marie dévoilée il y a deux semaines, il avait aussi clairement exprimé son mépris pour l'institution.

S'il est mécontent de l'ONU, ce qui est le cas de nombreux leaders internationaux, M. Harper aurait plus d'influence et de crédibilité à l'intérieur de l'institution que chez un marchand de beignets. Rien ne l'empêche de marquer son opposition à un chef d'État en sortant de l'assemblée. Au contraire, le geste n'en aurait été que plus spectaculaire.

Au bureau de M. Harper, on affirme qu'il tenait à visiter le siège social de la célèbre entreprise canadienne parce que celle-ci a décidé de revenir au Canada grâce aux mesures fiscales du gouvernement conservateur. Soit. Mais cela aurait pu attendre après l'assemblée générale. Après tout, Tim Hortons est revenu; le siège social sera encore là la semaine prochaine, non?

Le porte-parole de Stephen Harper, Dimitri Soudas, précise par ailleurs que les discours du premier ministre devant l'ONU sont plutôt rares, cette tâche étant le plus souvent confiée au ministre des Affaires étrangères (Jean Chrétien n'y a pris la parole que deux fois en 10 ans). Si Stephen Harper avait voulu prendre la parole, l'ONU l'avait casé cet après-midi à 17h, heure à laquelle il sera au G20 à Pittsburgh, ajoute M. Soudas.

Tout cela est vrai. Mais cela ne règle pas le principal problème du gouvernement conservateur en matière d'affaires étrangères: l'impression profondément enracinée que Stephen Harper est en retard pour la grande photo de la communauté internationale - ou carrément absent. Au propre comme au figuré.

En affaires internationales, M. Harper est aux abonnés absents et il n'aura rien fait cette semaine pour corriger cette perception.