Les sondages publiés la semaine dernière montrent que les électeurs de la région montréalaise sont vivement intéressés par la question des transports collectifs. Ils souhaitent des services étendus, efficaces, à l'heure. Ça tombe bien, ce ne sont pas les idées qui manquent. Le problème, c'est que ces projets avancent plus lentement que la 55 lorsqu'elle est coincée sur le boulevard Saint-Laurent à l'heure de pointe.

Prenons le tramway. Le maire Tremblay en parle depuis le début des années 2000. Or nous en sommes encore à l'étape des études de préfaisabilité. Quant aux nombreux projets contenus dans l'ambitieux plan de transport mis de l'avant par son administration, seuls les cyclistes en profitent pour l'instant.

 

Pour que Montréal sorte de son marasme, il faut deux choses. La première, c'est un engagement sans équivoque en faveur des transports collectifs. Pour l'instant, la volonté est là, mais elle est trop timide. Oui, les Montréalais veulent un réseau de métro et d'autobus efficace, mais ils voudraient également pouvoir circuler en auto à n'importe quelle heure de la journée sans rester prisonnier de la circulation. Ils exigent des voies réservées aux autobus, mais il ne faudrait pas que cela les empêche de se déplacer rapidement au centre-ville. Ces exigences sont incompatibles. Si on veut que Montréal devienne une véritable métropole du XXIe siècle où les transports collectifs sont mis de l'avant, il faut faire des choix qui ne feront pas nécessairement plaisir aux automobilistes.

L'autre problème de Montréal en est un de gouvernance. À l'heure actuelle, il y a trop de spécialistes penchés sur le malade. L'AMT, la STM, le conseil d'agglomération, la CMM et, par-dessus la mêlée, le ministère québécois des Transports ont tous leur mot à dire quand il est question de planifier les déplacements à Montréal. D'où une vision complètement incohérente qui oppose les intérêts provinciaux, régionaux et locaux. L'échangeur Turcot en est l'exemple le plus flagrant: Montréal doit littéralement se battre pour faire entendre ses priorités dans ce dossier alors que l'infrastructure traverse son territoire. C'est aberrant.

Quel modèle adopter? Voilà qui doit être débattu. À Portland, par exemple, ce sont des élus régionaux qui planifient le développement du réseau financé par une taxe sur la masse salariale. À Vancouver, c'est le gouvernement provincial qui a le dernier mot. La récente réforme de l'organisation du transport s'est traduite par une perte de pouvoir pour les élus locaux. Il n'existe pas de formules parfaites et Montréal devra trouver la sienne. Idéalement, l'organisme responsable des transports collectifs devrait également planifier l'aménagement du territoire. Cet organisme devrait avoir une vision régionale du transport, mais prioriser les besoins de la métropole. Ses choix devraient contribuer à limiter l'étalement urbain, non à l'encourager. Tant que cette question de gouvernance ne sera pas réglée, les transports collectifs montréalais se développeront à pas de tortue.

nathalie.collard@lapresse.ca