Ils étaient des centaines, cette semaine, à arpenter les allées des grandes surfaces à la recherche des paquets de cahiers Canada, du stylo pointe fine Pilot Hi-Tec 0,5 ou de la gomme à effacer de marque Staedler. L'air un peu hébété sous la lumière crue des néons, certains parents, liste en main, rageaient silencieusement en cherchant le cahier spirale ligné de 108 pages dans la pile de cahiers de 80, 90 100, et 200 pages...

C'est la rentrée. Avec son lot d'angoisses, de stress et de nostalgie des jours de vacances bénis où le réveille-matin était, lui aussi, en dormance.

 

C'est la rentrée avec ses feuilles à remplir, ses horaires d'autobus à mémoriser, ses fiches d'inscription à retourner. Un retour à l'école qui compte un degré de stress supplémentaire cette année. Car à la menace de poux qui revient invariablement chaque automne s'ajoute désormais celle d'une épidémie de grippe A (H1N1) qui pourrait, dans le pire des scénarios, faire fermer des écoles. Boîtes de mouchoirs et savon antibactérien seront-ils suffisants? Croisons les doigts.

C'est la rentrée, ce qui signifie pour de nombreux parents la confection des lunchs qui recommence. À la liste déjà longue d'aliments interdits (trop sucré, trop salé, gras trans, noix, arachides, amandes...) il faut ajouter (si ce n'était pas déjà fait depuis la crise de la listériose) un sérieux avertissement concernant les charcuteries, néfastes elles aussi. Une complication supplémentaire...

Personne n'échappe complètement au tourbillon. Les pages d'agenda se noircissent avant même qu'on ait terminé de défaire les valises, les surfaces des frigos disparaissent sous un amas de feuilles, la vie «normale» reprend ses droits.

On voudrait renouer avec l'excitation des rentrées scolaires de notre enfance mais la réalité est tout autre. Cette année, le grand retour risque d'être morose. L'école québécoise ne va pas bien. Son toit coule et ses élèves décrochent. Ses murs auraient besoin d'une bonne couche de peinture et ses enseignants, une bonne dose d'encouragement.

Sans compter qu'il est difficile de conduire nos enfants à l'école le coeur léger quand on voit les récents résultats des élèves du secondaire aux examens du Ministère, publiés au beau milieu de l'été, alors que tout le monde était en vacances. Il est clair que la réforme ne livre pas les résultats escomptés. Il s'agit en fait des pires résultats depuis 1992, à l'exception de l'année 2006. Et que dire de cet accablant rapport du ministère de l'Éducation qui dresse le portrait des élèves de la réforme: difficultés en français, manque d'autonomie, difficulté à se concentrer. Les jeunes qui entreront au cégep l'an prochain auront de graves lacunes. Sera-t-il trop tard pour payer les pots cassés? C'est une autre question que les parents se posent en accompagnant leur enfant à l'école ces jours-ci.