Comme le reste de la planète, le Québec a vu sa croissance freinée par les contrecoups de la crise aux États-Unis. Cela n'a apparemment pas empêché les Québécois de profiter des plaisirs de la vie. Ainsi, au cours du printemps, les ventes de la Société des alcools ont continué d'augmenter.

Les dirigeants de la SAQ s'attendaient à ce que la récession ait un impact négatif sur les ventes des Fêtes 2008; ça ne s'est pas produit et la société a terminé son année financière 2008-2009 avec un bénéfice record. La crise allait-elle frapper avec quelques mois de retard? Non. D'avril à juin 2009, les ventes de la SAQ ont augmenté de 7,3% par rapport à la même période l'an dernier. Presque toute l'augmentation des ventes en volume provient du vin: les Québécois ont acheté 1,8 million de litres de plus de vin pendant ces trois mois que durant la même période en 2008.

 

Les Québécois auraient-ils choisi de noyer leurs soucis dans l'alcool? Ce n'est pas ce qu'ils avaient fait lors de la récession du début des années 90; de 1990-1991 à 1991-1992, les ventes de la SAQ avaient chuté de 8,8%.

Serait-ce que le vin fait tellement partie du mode de vie des Québécois qu'ils n'y renonceraient qu'en dernier recours? Peut-être. Mais il faut noter que les ventes de la Liquor Control Board of Ontario ont également augmenté au printemps, bien que la hausse soit plus faible que celle constatée au Québec.

Les Québécois auraient-ils déserté les restaurants pour cuisiner à la maison, le tout agrémenté d'une bonne bouteille? En tout cas, cela ne se reflète pas dans les ventes des restaurants, qui ont augmenté de 4% au Québec de mai 2008 à mai 2009.

Alors quoi? L'hypothèse la plus vraisemblable expliquant les bons résultats de la SAQ, c'est que la crise économique a épargné la grande majorité des Québécois. Il est vrai que depuis le début de l'année, 62 000 Québécois ont perdu leur emploi. Le taux de chômage se situe maintenant à 9%. Pour les gens touchés, il s'agit d'une catastrophe. Mais, historiquement, un tel niveau de chômage n'a rien d'exceptionnel; en 1992 et 1993, 13% des travailleurs québécois étaient en chômage.

De façon générale, la situation financière des Québécois s'est moins dégradée que celle des autres Canadiens. Les prix des maisons se sont maintenus et, grâce à la baisse des taux d'intérêt, les propriétaires d'ici consacrent une part moindre de leur budget à leur hypothèque. Au cours de la dernière année, les ventes au détail ont à peine glissé au Québec (-1,4% contre -4,5% en Ontario et -8% en Alberta et en Colombie-Britannique).

En somme, le Québec semble avoir évité le pire de la crise. Toutefois, les Québécois auraient tort de... sabler le champagne. Le vieillissement de la population et le poids croissant de la dette publique risquent de nous faire connaître d'ici peu des années difficiles.