«Votre biographie sur Cyberpresse mentionne que vous êtes le «chien de garde des petits épargnants». Faites surtout attention à ne pas devenir comme ce fameux petit caniche qui jappe sans cesse et qui nous donne qu'une seule envie... lui mettre notre pied au derrière.»

Parole de Félix Quevillon, conseiller en sécurité financière. Avouons que ce n'est pas gentil pour les caniches! Cela dit, M. Quevillon est en colère à cause de ma chronique de mercredi dernier sur l'assurance vie universelle où je décriais les onéreux frais de rachat chargés aux clients qui veulent mettre fin à leur contrat au cours des sept premières années. Les frais de rachat pouvaient varier de 40 à 85% des sommes versées par les assurés dans le compte dépôt de ladite police. Je donnais l'exemple d'un cas où l'assureur réclamait à son client des frais de rachat de 18 488$ sur les 44 000$ qu'il avait investis depuis 5 ans et demi dans le compte dépôt!

 

Dans un contrat d'assurance vie universelle, la prime se divise en deux parties, soit la portion «prime prescrite» pour défrayer le coût de la couverture d'assurance (capital assuré) et, deuxièmement, la portion «dépôt» du compte d'épargne placements lié à ladite police.

La grande popularité de l'universelle porte sur cette portion «dépôt», Les assurés peuvent investir «à l'abri de l'impôt» une somme importante dans le but soit d'augmenter le capital-décès de la police ou d'accumuler suffisamment d'argent dans le compte de placements pour cesser un jour ses paiements mensuels tout en permettant à la «prime prescrite» de se payer par elle-même.

Revenons au courriel du conseiller Quevillon: «L'autorité des marchés financiers régit la distribution de produits financiers au Québec. Si vous n'avez pas les permis nécessaires à la compréhension et distribution de ce produit, je ne vois pas comment vous pouvez émettre une recommandation publique à ce sujet. Votre titre de journaliste ne vous dispense pas d'une analyse rigoureuse de l'information.»

«Ce type d'assurance est beaucoup plus complexe que la compréhension que vous pouvez en faire dans un article d'une demi-page. Je suis d'accord avec vous, la majorité des conseillers ne comprennent pas le fonctionnement de celle-ci. Mais avant de la démolir publiquement, vous devriez pousser votre analyse un peu plus loin et demander l'opinion d'experts en la matière.»

Et la preuve selon M. Quevillon que l'assurance vie universelle est un bon produit financier: «Ce contrat (police universelle) est utilisé par les plus grandes fortunes québécoises, et il permet de les enrichir davantage contrairement à ce que raconte votre article.» J'inviterais ici «les grandes fortunes» à vérifier leur compte de dépôt d'assurance universelle. Depuis cinq ans et demi, les divers fonds indiciels de ces comptes n'ont rien rapporté ou presque.

Simple question de profiter de l'expertise du conseiller Quevillon, je lui ai demandé de m'expliquer pourquoi les frais de rachat sont si élevés (40 à 85%) sur l'épargne accumulée avec une telle police universelle?

Les frais de rachat, a-t-il répondu, varient d'une compagnie d'assurances à l'autre. Et les compagnies d'assurances offrent différentes variations de leur contrat, avec des frais de rachat plus ou moins élevé. Et il se contente de donner l'exemple d'une police universelle offerte par une grande banque canadienne qui offre une version «prestige» de son contrat n'ayant pas de frais de rachat.

Le client peut donc retirer en tout temps, dès la première année, son épargne sans aucuns frais, dit-il. Dans un tel contrat on trouve cependant les frais suivants: frais d'administration du contrat (comme n'importe quelle assurance vie), coût de l'assurance, taxes. Sur la portion placement, il y a évidemment les frais de gestion comme sur n'importe quel placement. De plus, il y a des frais pour la structure vie universelle qui se rajoutent. Par contre encore là, différentes variations sont possibles. Avec boni ou sans boni mais avec frais modiques.

La rémunération des conseillers en sécurité financière qui vendent l'assurance vie universelle?

Le courtier, précise M. Quevillon, est rémunéré principalement sur la prime d'assurance et non pas sur le placement dans le compte dépôt.

«De plus, si jamais le client devait racheter son contrat, les frais de rachat ne servent pas à indemniser la compagnie d'assurances pour la rémunération versée, puisque le courtier doit remettre sa commission si le contrat est racheté dans les 2 premières années (comme la plupart des assurances-vie).»

«Il n'y a aucun lien entre la rémunération du courtier et les frais de rachat. Les frais de rachat (vie universelle) sont là pour empêcher le client de se servir du placement comme d'un compte d'épargne. Aussi, ils servent à rappeler au client qu'il s'agit d'une stratégie à long terme.»

En terminant, «mon» nouvel expert en assurance vie universelle et moi nous entendons sur quelque chose: une personne ayant un horizon d'investissement à court terme (moins de 10 ans) ne devrait pas souscrire à une assurance vie universelle. De plus, une personne n'ayant pas de besoin en assurance-vie ne devrait pas souscrire à ce produit évidemment.