Par l'effet (ou non) du hasard, la vidéo d'un enfant de 7 ans installé au volant par son père, émerveillé devant tant de précocité, surgit dans l'actualité. Et ce, précisément au moment où le «sport» extrême du car surfing vient de faire une deuxième victime en un mois au Québec, une adolescente de 17 ans.

Existe-t-il un rapport entre les deux? Bien sûr. Celui de l'auto-jouet, d'abord.

Apparemment, la voiture est un objet dont, après un siècle d'utilisation, on n'arrive toujours pas à évaluer correctement la dangerosité - ce qui est encore plus tragique lorsqu'on n'a plus 16 ans et qu'on est un parent. L'auto apparaît ainsi comme un joujou inoffensif qu'on peut prêter à un enfant ou sur lequel on peut grimper pendant qu'il est en mouvement. S'expliquant sur les ondes du réseau LCN, le père du petit conducteur-prodige n'a-t-il pas plaidé, au sujet de l'exploit de son fils, que «c'était vraiment pas dangereux autant qu'ils disent»?

 

Autre rapport qui vient immédiatement à l'esprit: celui de la supervision parentale et de la valeur de l'exemple.

Dans le cas du car surfing, on a d'abord fait comparaître les suspects habituels: jeux vidéo, internet, cinéma et télé. Mais ensuite, on a surtout insisté sur le rôle des parents en ce qui a trait à la transmission des attitudes de sérieux et de prudence dans la conduite automobile, notamment par l'exemple donné aux ados. Or, à ce chapitre, la vidéo léguée à la postérité par le père du garçonnet-chauffeur est certainement dévastatrice...

Cela dit, il ne faut pas non plus se bercer d'illusions: rien n'empêchera jamais les adolescents et jeunes adultes - surtout mâles - de jouer avec le feu et de se faire mal.

Aux États-Unis, recensant 99 accidents associés au car surfing ayant fait des morts ou des blessés, une étude a établi qu'ils impliquaient des garçons à hauteur de 70%, âgés de 15 à 19 ans dans 69% des cas.

De fait, l'incapacité d'évaluer le risque et le conformisme sont les deux principales caractéristiques de cet âge et de ce sexe. Témérité et pression des pairs, donc. C'est ce sur quoi on a toujours misé pour envoyer les jeunes à la guerre ou à la manif. Ou pour couronner les «héros» du clan, ceux capables de marcher sur les traces d'un James Dean bravant la mort au volant d'une auto-jouet dans La Fureur de vivre avant de se tuer sur la route dans la vraie vie en 1955...

Cette sorte de quasi-fatalité justifie-t-elle de ne rien faire? Évidemment pas.

S'il est une chose que les jeunes - mâles, en particulier - évaluent fort bien, c'est la valeur d'un permis de conduire. Celui-ci est un privilège qu'il faut davantage encore présenter comme tel et qui doit être utilisé à la fois comme appât et comme frein. Et ce, en rendant plus difficile son obtention, tout en rendant plus facile son retrait.

Pour cause de participation à des «jeux» automobiles, par exemple.

mroy@lapresse.ca