Retenons d'abord cette délicieuse citation d'un joueur du Guingamp: «On a vu au stade Saputo que les spectateurs d'ici sont là pour encourager et non pas critiquer et se plaindre comme les spectateurs en France.»

Ouf...

C'était journée française au Stade olympique, samedi, pour ce Trophée des Champions qui n'intéresse pas grand-monde en France et qui a connu un succès record (34 000 personnes) chez nous. Une belle fête aussi, avec beaucoup de maillots des Bleus, souvent portés par des pures laines.

Tiens, voici un Bleu qui entre et passe devant les concessions de bouffe. Mathieu Alibert est de Montpellier, mais vit à Montréal.

Comment trouvez-vous la bouffe (elle n'a pas beaucoup évolué depuis les temps des Expos) au Stade olympique, M.Alibert?

Ordinaire.

Si nous étions au stade de Bordeaux, qu'est-ce qu'on mangerait?

En France, nous ne mangeons pas dans les stades. Il y a des boissons et quelques sandwichs, des choses préparées. Nous mangeons à l'extérieur, au restaurant, avant ou après le match...

Une bonne idée, si vous voulez mon avis. Allons-y quand même pour le smoked meat bas de gamme à 7,25$, question de passer l'après-midi sans s'évanouir.

Vraie et fausse pelouse

Curieusement, la foule, très enthousiaste et très joyeuse, n'avait pas de favoris. On se serait attendu à ce qu'elle se range du côté de Guingamp, le grand négligé contre les champions de France, les fameux Girondins de Bordeaux.

Encore plus curieux, cette foule neutre a explosé avec une vague effrénée à la 83e minute de jeu. Allez savoir pourquoi. Avec le Ohé! Ohé! Ohé! qui n'est pas le Olé! Olé! Olé! espagnol du Centre Bell. Nous sommes francophones, non?

Le match a été correct, mais la foule était contente, surtout parce qu'elle venait d'assister à un match international, un événement unique, et que l'ambiance était sympathique.

Francis Millien, homme de foot et Français assimilé, m'a expliqué que ces gars-là ne jouaient jamais sur du gazon synthétique et qu'ils n'étaient pas à l'aise.

Après le match, les joueurs des deux équipes ont confirmé le tout, mais ils devront s'habituer parce que la Fédération française a l'intention d'installer des surfaces synthétiques partout en France afin de réduire les énormes coûts d'entretien.

(Demain soir, les Bordelais retrouveront de la vraie pelouse vivante aux stade Saputo, contre l'Impact.)

Le Gwann ha Du

Il y avait plusieurs drapeaux rayés de noir et blanc et il fallait savoir que c'était le Gwann ha Du, le drapeau breton. Guingamp est un village breton de 8000 habitants.

Charles Kergaravat mangeait avec appétit rien de moins qu'une poutine... «Je suis venu avec les Bretons de New York. Il y a entre 10 000 et 20 000 Bretons à New York. J'y suis né après que me parents eurent immigré.»

D'où la poutine...

«Bon, Guingamp ne gagne pas, mais pour moi, voir autant de Gwann ha Du et entendre parler breton à Montréal, c'est déjà très beau. Nous avons reçu un accueil extraordinaire dans un restaurant hier soir (La Queue de cochon). Le patron, le personnel et les clients nous ont adoptés pour la soirée...

«Et puis, c'est le petit Guingamp contre le géant Bordeaux, un événement historique pour nous.»

Écrivez-nous quelques mots bretons, M.Charles...

Breizh na Bro... La Bretagne est mon pays.

Kenavo... Au revoir.

Yoann Gourcuff

On a dit de lui, même dans La Presse, qu'il était un Zinédine Zidane en devenir...

Vous savez peut-être que je déteste ces comparaisons. Guillaume Latendresse était un Guy Lafleur en devenir après un seul match hors-concours, souvenez-vous...

Le sage Francis Millien: «Gourcuff n'est certainement pas encore Zidane. Je lui souhaite, mais pour être Zidane, il faut être fort dans la tête, voir tout le jeu, anticiper, être intelligent... «Et puis, Zidane n'était pas une deuxième Maradona et Maradona n'était pas un deuxième Pele. Ces gars-là avaient leur propre style et leur propre personnalité sportive.»

Bien parlé, Francis. Guy Lafleur n'était un deuxième Maurice Richard. Il était Guy Lafleur. Reste que ce Gourcuff a offert un bon spectacle et qu'il a été désigné joueur par excellence du match.

Ils causent... Ils causent...

Enfin, un des dirigeants du football français nous a surpris en déclarant: «Joey Saputo est le Jacques Cartier du football au Québec...» On appelle ça avoir fait ses devoirs, je pense, même si c'était un peu tiré par les cheveux.