Avis aux actionnaires des grandes banques canadiennes: une centaine de banquiers viennent de passer à la caisse en procédant à une liquidation massive de leurs actions.

Entre la fin du mois de mai et le début de juillet, La Presse Affaires a relevé les transactions de 139 dirigeants et administrateurs de banque. Ils ont collectivement vendu des actions pour une valeur globale de 103 millions de dollars. Ces actions provenaient de l'exercice d'options à prix d'aubaine. Les banquiers ont ainsi globalement encaissé un profit brut de quelque 40 millions de dollars.

La dernière fois que les initiés des banques canadiennes avaient massivement vendu remonte au printemps et à l'été 2008. Ils avaient frappé dans le mille, soit juste avant la magistrale déconfiture de la Bourse à l'échelle mondiale. À l'instar des titres de tous les secteurs boursiers, les titres des banques canadiennes s'étaient momentanément effondrés de quelque 50% par rapport à leur sommet historique.

Mais depuis le début de l'année, les titres des six grandes banques canadiennes ont fortement augmenté, les hausses allant de 27 à 80%. La capitalisation boursière des banques canadiennes, c'est-à-dire la valeur des actions en circulation, s'est ainsi appréciée de 66 milliards de dollars au cours des sept premiers mois de l'année, passant de 163 à 229 milliards. On parle donc d'une hausse globale de 40% pour ces titres bancaires.

C'est du côté de la Banque Royale, de la Banque TD et de la Banque de Montréal que les dirigeants se sont montrés particulièrement actifs dans la liquidation à fort profit des actions acquises par levée d'options.

D'autre part, à la Banque Nationale et à la CIBC, les dirigeants ont fait preuve de retenue, le nombre d'initiés vendeurs et la valeur des transactions de vente étant fort modestes comparativement aux autres grandes institutions bancaires.

À la CIBC, il n'y a pas de quoi s'étonner de voir si peu de vendeurs parmi les initiés puisque le titre a eu la hausse la moins forte des six grandes banques, soit 27% depuis le début de l'année.

On ne peut certes pas en dire autant du côté de la Banque Nationale, la plus petite du groupe. Des six titres bancaires, c'est le sien qui affiche la meilleure performance boursière de l'année. Le titre a explosé de quelque 80% par rapport à sa fermeture du 31 décembre dernier. Il faut croire que les hauts dirigeants et administrateurs de la Banque Nationale anticipent une plus forte hausse!

Remarquez que l'ancien grand patron de la filiale Financière Banque Nationale, l'administrateur Lawrence Bloomberg, lui, n'a pas pris de risque.

Au début du mois de mars dernier, en pleine tempête boursière, il a liquidé un bloc de 65 000 actions de la Banque Nationale, au prix moyen de 36,50$. Recette brute: près de 2,4 millions. L'action de la Banque Nationale (NA) se négocie aujourd'hui autour de 56$. Lors des deux précédentes années, M. Bloomberg avait liquidé des actions de la BN pour une valeur globale de 21 millions.

Par rapport aux prix cibles déterminés par les analystes des maisons de courtage, les actionnaires devraient jouer de prudence. Les cours actuels de la plupart des titres bancaires dépassent les prix cibles.

Comme «solution», des analystes commencent ces temps-ci à réviser à la hausse leurs prix cibles des titres bancaires. À tort ou à raison, cela soulève chez moi une certaine méfiance. Pourquoi? Il ne faut jamais oublier que les principales maisons de courtage appartiennent aux grandes banques elles-mêmes. Et par surcroît, les banquiers vendent massivement.