Le parcours du tourisme québécois en 2009 ressemble à une étape en haute montagne au Tour de France: l'industrie doit affronter des côtes escarpées avec un fort vent de face par temps maussade.

La première pente raide, c'est évidemment la pire récession en un demi-siècle qui affecte le tourisme mondial. Quand l'économie plie l'échine, les familles ont le réflexe, quand elles n'y sont pas contraintes, de réduire leur budget de vacances et de rester dans leur propre cour. D'où une diminution prévisible de 8% de l'activité touristique sur la planète au premier trimestre. Le Québec n'échappe pas à cette tendance: de janvier à avril, la province a accueilli 6% moins de touristes que durant la même période l'an dernier.

 

Autre obstacle majeur à surmonter: la perte du Grand Prix du Canada a dépouillé l'économie montréalaise de dizaines de millions de dollars dépensés par les touristes étrangers, principalement européens, amoureux de Formule 1. Sans compter que le retrait de la célèbre épreuve au circuit Gilles-Villeneuve, qui était retransmise dans le monde entier, prive Montréal d'une précieuse visibilité.

Le défi devient herculéen lorsqu'un huard à 90 cents pénalise doublement le tourisme québécois. D'une part, il rend le Québec moins attrayant comme destination touristique pour les Américains, qui composent les deux tiers de nos touristes étrangers. Leurs finances étant déjà sérieusement affaiblies par la crise, ils ne voient plus dans leur voisin du Nord l'aubaine qu'il représentait lorsque le dollar canadien valait moins de 70 cents, il y a quelques années.

À l'inverse, avec un dollar canadien tonifié, ce sont plutôt les Québécois qui ont l'occasion de visiter les États-Unis à moindres frais. En conséquence, ils dépensent moins dans leur propre province. La récession ayant été moins sévère ici qu'ailleurs, passablement de Québécois ont encore les moyens de s'offrir des périples à l'étranger.

Si ce n'était pas suffisant, le mauvais temps des dernières semaines a poussé beaucoup de Québécois à mettre le cap vers les destinations ensoleillées du Sud plutôt que de se promener sur les routes mouillées du Québec. D'autant plus que des vacances dans les Caraïbes ne coûtent parfois pas plus cher. Rien pour améliorer le déficit touristique de près de 1 milliard que le Québec enregistre bon an mal an.

Évidemment, on peut espérer que la désaffection des touristes étrangers soit circonstancielle et temporaire. Sauf que la reprise économique qui semble poindre s'annonce plutôt anémique, de l'avis d'économistes réputés. Les Américains épargnent davantage, donc consomment moins, et verront leur taux de chômage augmenter pendant encore plusieurs mois. Les Européens ne sont pas encore sortis du bois eux non plus.

Quant au Grand Prix, reviendra-t-il à Montréal en 2010? Bien malin qui pourrait le prédire. On verra s'il sera réinscrit au calendrier qui sera rendu public à l'automne.

Alors, que faire pour préserver les 330 000 emplois générés par le tourisme au Québec? Les trois quarts des touristes sont déjà des Québécois eux-mêmes. En attendant des jours meilleurs, on aurait intérêt à consacrer encore davantage nos dollars-vacances à découvrir les attraits de la Belle Province. Un brin de protectionnisme touristique ne nous ferait pas de tort.