L'industrie automobile mondiale est peut-être en voie de subir la transformation la plus importante de son histoire depuis le modèle T. Si, comme l'espèrent autant les fabricants que les écologistes, les modèles hybrides se vendent de mieux en mieux au cours des prochaines années, on assistera à l'abandon graduel de l'essence comme principal carburant des véhicules routiers. Il s'agirait de rien de moins qu'une révolution. Une révolution dont les impacts seraient considérables sur l'environnement, l'économie et la santé humaine.

Tout est en place pour que ce changement se produise. Les fabricants planchent tous sur de nouveaux modèles hybrides rechargeables, dont la Volt de GM qui sera en vente dès l'an prochain. Les gouvernements financent à coups de milliards la recherche sur ces technologies et l'achat de véhicules électriques. Hier, le gouvernement ontarien a annoncé une subvention pouvant atteindre 10 000$ aux automobilistes qui se procureront un véhicule hybride rechargeable.

 

À quelle vitesse se fera la révolution électrique? Le gouvernement McGuinty vise à ce qu'en 2020, un véhicule à passagers sur 20 soit alimenté à l'électricité. De son côté, l'Energy Information Agency (EIA) prévoit qu'en 2030, 40% des nouveaux véhicules légers vendus aux États-Unis utiliseront l'une ou l'autre des technologies hybrides.

Pour tous ceux qui rêvent d'un monde moins pollué et d'une solution à la crise des changements climatiques, ce scénario fait rêver. Toutefois, il est loin d'être certain qu'il se déroulera tel qu'espéré. En effet, les incertitudes technologiques et économiques sont très nombreuses.

Les manufacturiers devront notamment vaincre le scepticisme des automobilistes au sujet de la fiabilité et de la performance des nouvelles voitures qu'on leur propose. Les consommateurs s'interrogent notamment sur l'autonomie des automobiles électriques, qu'ils trouvent par ailleurs très chères.

En ce qui a trait à l'autonomie des véhicules rechargeables, on ne sait encore quelle technologie s'imposera. L'entreprise américaine Better Place installe dans plusieurs pays, entre autres au Canada (à Toronto), de stations modèles de remplacement des piles. Suivant ce concept, lorsque la batterie est déchargée, l'automobiliste n'a qu'à la faire remplacer dans une station-service (selon Better Place, cela prend moins de temps qu'il en faut pour faire un plein d'essence). Est-ce la voie de l'avenir? Doit-on plutôt espérer que la recherche produira à court terme de meilleures batteries?

L'obstacle le plus important est de nature économique. Peu importent leurs préoccupations environnementales, les consommateurs n'achèteront pas une automobile électrique si elle coûte plus cher. Or, selon les estimations de l'EIA, même si le prix de l'essence était élevé, les économies réalisées grâce à la technologie hybride seraient moindres que le coût supplémentaire à l'achat. «Les véhicules hybrides rechargeables font face à un défi important», souligne l'organisme.

Gouvernements, fabricants et consommateurs partagent la responsabilité de faire en sorte que ce défi soit relevé pour qu'advienne l'essentielle révolution électrique du transport routier.