Les dirigeants des pays du G8 sont réunis à L'Aquila, en Italie, notamment pour faire le point sur la situation économique. La rencontre se tient au moment où dans certains pays, des voix s'élèvent pour exiger des mesures de relance supplémentaires.

Les chefs de gouvernement du G8 ne s'entendent pas à ce sujet. Le président français, Nicolas Sarkozy, croit qu'«il faut pousser les pays qui le peuvent à faire davantage». La chancelière allemande, Angela Merkel, s'inquiète plutôt de la croissance rapide de la dette publique et presse ses homologues de mettre au point des «stratégies de sortie».

 

L'administration Obama n'a pas encore fait son lit. Une conseillère du président, l'économiste Laura Tyson, a confié mardi que le plan de relance initial de 787 milliards s'était peut-être révélé «un petit peu trop petit». Par contre, le président lui-même a fait remarquer qu'emprunter davantage pour soutenir l'économie pourrait être «improductif».

La version préliminaire du communiqué du sommet ne tranche pas la question. C'est que la situation est délicate. Comme le Fonds monétaire international l'a noté hier, «l'économie mondiale de stabilise, avec l'aide de politiques financières et macroéconomiques sans précédent». Toutefois, la reprise reste incertaine et des risques importants demeurent. Les marchés sont craintifs, d'ailleurs. Après une remontée rapide, le prix du pétrole est en chute libre. Les Bourses glissent elles aussi. Plus important encore, le taux de chômage augmente partout et l'OCDE prévoit que cette tendance continuera jusqu'en 2010. Le Directeur parlementaire du budget à Ottawa s'attend à ce que le taux de chômage atteigne 9,4% en 2010 au Canada (contre 8,7% cette année).

Il se peut qu'après la stabilisation des dernières semaines, l'économie mondiale subisse une rechute. L'heure n'est donc pas venue pour les gouvernements de retirer les stimuli mis en place.

Faut-il faire davantage? Le Prix Nobel d'économie Paul Krugman croit que oui. D'autres économistes pensent le contraire. Une chose est sûre, les gouvernements qui alourdiront davantage leur dette se retrouveront à moyen terme dans une situation financière précaire. Surtout si l'endettement croissant du secteur public provoque une perte de confiance et une hausse des taux d'intérêt.

Compte tenu du contexte politique à Ottawa, les partis d'opposition ne manqueront pas d'exiger que le gouvernement augmente encore ses dépenses. C'est pourtant le premier ministre Harper qui a raison: «Avant d'envisager des mesures supplémentaires, les chefs de gouvernement devraient s'assurer que les programmes déjà annoncés livrent la marchandise.»

Dans le cas canadien, on sait que les projets d'infrastructure financés par les gouvernements commencent à peine à lever de terre. Pourquoi se lancer dans de nouvelles dépenses alors que les mesures du dernier budget fédéral n'ont pas encore pu porter fruit?

Le point de vue de Stephen Harper ne sera pas populaire; c'est pourtant le plus sage.

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