Le Canadien est sur une bonne lancée cette semaine.

Trois jours après avoir repêché un Québécois en première ronde pour la première fois en 11 ans, le CH a renoué avec la tradition de confier le développement de ses joueurs à un entraîneur d'ici, hier, en nommant Guy Boucher entraîneur-chef des Bulldogs de Hamilton.

C'est une décision que l'organisation ne regrettera pas. Ce n'est pas un hasard si une demi-douzaine d'équipes de la LNH ont contacté Boucher dernièrement. J'ai parlé récemment avec plusieurs joueurs, entraîneurs et dirigeants d'équipes de hockey qui ont côtoyé Boucher au cours des dernières années. Le verdict est unanime: l'ancien entraîneur des Voltigeurs de Drummondville est l'un des meilleurs jeunes coachs que le Québec ait produits depuis 20 ans.

Boucher est un habile tacticien. L'incroyable taux de réussite de l'équipe nationale en supériorité numérique au dernier championnat du monde junior (50 %), c'est son oeuvre. Il a fait la même chose avec les Voltigeurs, qui ont converti pas loin d'une chance sur trois (31,9%) avec l'avantage d'un homme, l'hiver dernier.

Le nouvel entraîneur des Bulldogs a aussi la réputation d'être un excellent pédagogue et un fin psychologue. «Au début de l'année, il nous a dit : Je suis ici pour coacher, pas pour être votre chum, a raconté son capitaine à Drummondville, Marc-Olivier Vachon. Mais si on avait un problème, sa porte était toujours ouverte.»

Celui qui l'a embauché chez les Voltigeurs, le directeur général Dominic Ricard, me disait il y a un mois que Boucher est le mélange idéal des entraîneurs motivateurs d'antan et des enseignants d'aujourd'hui. «Une main de fer dans un gant de velours», résumait-il.

Ce n'est pas le moindre des atouts dans le sport professionnel contemporain. Surtout pour un entraîneur dont le mandat, dans la Ligue américaine, sera de maximiser le développement des espoirs du Canadien. Jacques Martin peut dormir en paix: les joueurs qui seront rappelés de Hamilton l'hiver prochain vont être prêts.

La décision du Canadien de confier à Boucher la tête des Bulldogs est doublement opportune. Non seulement profite-t-elle à l'organisation, mais elle donne une chance à un entraîneur québécois de faire son apprentissage chez les professionnels.

Il n'y aurait pas beaucoup d'entraîneurs francophones dans la Ligue nationale de hockey si le Canadien et, autrefois, les Nordiques n'avaient pas fait de la discrimination positive envers les coachs d'ici. Jacques Lemaire, Jean Perron, Michel Bergeron, Pat Burns, André Savard, Mario Tremblay, Alain Vigneault, Michel Therrien, Claude Julien et Bob Hartley (deux Franco-Ontariens), Guy Carbonneau: ils ont tous eu leur première chance chez les pros grâce à l'une des deux organisations québécoises. On peut compter sur les doigts d'une main les entraîneurs francophones qui ont d'abord percé ailleurs. Jacques Martin (St. Louis) et Denis Savard (Chicago) sont deux des rares exemples qui me viennent à l'esprit.

Juste pour s'être souvenu de la responsabilité qu'il a de favoriser le développement des entraîneurs d'ici, le Canadien mérite d'être applaudi.

Gainey joue gros

Bob Gainey joue gros ces jours-ci. Il a sûrement ses raisons d'attendre au 1er juillet pour discuter avec Alex Tanguay. Mais il ne peut tout simplement pas se permettre de faire chou blanc encore une fois sur le marché des joueurs autonomes.

On attend toujours le «gros joueur de centre» que recherche Gainey. L'option Vincent Lecavalier semble bloquée tant que le copropriétaire du Lightning de Tampa Bay, Len Barrie, gardera son droit de veto. Il n'est pas impossible que Barrie disparaisse du portrait dans les prochains mois, mais le Canadien ne peut pas non plus se permettre d'attendre indéfiniment. Pas quand ses seuls joueurs de centre présentement sous contrat sont Maxim Lapierre et Glen Metropolit.

Va falloir que Bob nous sorte un lapin de son chapeau. Ou deux, si le lapin s'appelle Sedin...

Bute saura aujourd'hui

Oubliez Carl Froch, le Mexicain Librado Andrade sera bel et bien le prochain adversaire de Lucian Bute. L'appel d'offres pour le combat revanche entre le champion montréalais et le premier aspirant à sa ceinture des super-moyens de l'IBF aura lieu ce midi à New York.

Il avait été beaucoup question d'un combat d'unification contre Froch, champion du WBC. Mais au final, Bute voulait se battre contre Andrade, qui était venu à un cheveu de lui passer le K.-O. lors de leur premier affrontement, en octobre 2008. «Lucian m'a dit qu'il pensait à Andrade en se couchant, en se levant, en frappant sur le sac d'entraînement, a raconté Bédard. Il veut régler ça une fois pour toutes. Il n'y a pas que le business, il y a aussi le coeur. Ce n'est pas qu'on a peur de Froch. C'est vraiment ce que veut Lucian.»

Tous les promoteurs de la planète peuvent en théorie soumettre une offre, mais on peut présumer que l'affaire se jouera entre InterBox et le promoteur d'Andrade, Golden Boy Promotions.

«Le fait que Golden Boy ait demandé l'appel d'offres avant l'expiration du délai pour négocier me laisse croire qu'ils ont un plan, par exemple de présenter le combat en sous-carte d'un combat majeur», dit le patron d'InterBox, Jean Bédard, qui ira déposer l'offre de son groupe.

En vertu des règles régissant les appels d'offres, le combat doit avoir lieu dans les 90 jours suivants. Or, Golden Boy a justement un méga-combat au programme à l'intérieur de cette période: son protégé, le champion WBA et WBO des poids légers, le Mexicain Juan Manuel Marquez, affrontera Floyd Mayweather Jr. au MGM Grand de Las Vegas, le 19 septembre.

Tout cela n'est que spéculation, bien sûr. Mais Bute, qui obtiendra 75% de la bourse promise par le gagnant de l'appel d'offres, ne cracherait certainement pas sur la visibilité que lui offrirait la participation à l'une des soirées de boxe les plus attendues de l'année.