Montréal-Nord, ce n'est pas seulement la rue Pelletier et les gangs de rue. Même que si vous étiez passés dans les alentours de l'aréna Henri-Bourassa samedi dernier, vous auriez découvert un petit coin propret où il fait certainement bon vivre. Je connais des journalistes qui ont découvert des petits bijoux de maisons et de rues à Montréal-Nord.

Nous étions là pour la visite du grand Zizou, bien sûr. On nous a toujours dit qu'il était très timide et ne parlait pas beaucoup. Nous avons découvert un homme chaleureux et facile d'accès.

Il faut dire qu'il a été accueilli comme le dieu qu'il était par des équipes entières d'enfants en uniforme de soccer. Zidane en a embrassé plusieurs, à la méditerranéenne. Il y avait environ 2000 personnes dans le petit aréna, mais de l'émotion pour 10 000. Oubliez Kovalev, nous vivions là un beau moment avec un Grand...

Zidane, notamment accompagné par Jean Perron pendant son séjour au Québec, n'y est pas allé trop fort sur la morale: «Je ne suis pas ici pour donner des leçons... Mais j'ai grandi dans une banlieue de Marseilles, où la vie n'était pas facile. Je voulais absolument en sortir... J'avais un objectif et j'ai persévéré. Mon exemple peut peut-être vous servir. Et pas seulement en sport...»

Cool, le monsieur. Malheureusement, les politiciens de l'arrondissement ont tenté de lui voler le show, comme les politiciens le font toujours. Je ne dis pas qu'ils profitent de la situation pour se faire voir à la télé ou quoi que ce soit, non... mais ils prennent beaucoup de place avec leurs longs discours assommants.

Vous allez dire que je déconne mais, à une époque, Zizou était le Michael Jackson du football. L'homme qui dansait avec le ballon, le plus élégant, le plus gracieux...

J'ai pu lui poser une question, une question de sportifs qui me chicotait: «Vous avez été le meilleur au monde, vous êtes à la retraite depuis trois ans, vous êtes moins en forme, moins entraîné... N'est-il pas frustrant de jouer aujourd'hui sans être capable de réussir les gestes que vous réussissiez autrefois?»

Zizou: «Oui, c'est frustrant. Et je vous annonce que demain (hier) sera le dernier match que je vais disputer sur un grand terrain. À l'avenir, je ne jouerai que sur des terrains réduits... Sur un terrain réduit, je me débrouille très bien.»

On n'en doute pas, M. Zidane. (Et puis il m'a souri et il a dit que c'était une bonne question. Ma journée était réussie...)

Montréal-Nord tout de même... Les policiers étaient partout, même à cheval (ils ont les plus beaux en ville), mais l'ambiance était à la fête. Les policiers qui affrontaient Zidane hier au stade Molson, dirigés par le commandant Fady Dagher, étaient de 11 origines ethniques différentes: italiens, haïtiens, maghrébins, grecs...

Sur la chaise à côté de la mienne se trouvait Yasmine Aïdoune, 9 ans, qui portait le numéro 10 de la France et tenait un drapeau algérien. «Je l'aime beaucoup, beaucoup, m'a dit Yasmine, qui est tout ce qu'il y a de plus mignon. Il est d'origine algérienne, comme moi.»

Quand je me suis levé pour partir, Yasmine, en bonne soldate, m'a rappelé qu'elle avait été invitée par Les Fourchettes de l'espoir, un organisme communautaire de Montréal-Nord, où il y a plus que la rue Pelletier et les gangs de rue.

De source fiable...

Retour aux sources vendredi soir dernier pour le repêchage de la LNH. À l'époque, tout se faisait en une interminable journée.

Je me souviens d'avoir demandé à André Boudrias, alors dépisteur du CH, s'il se moquait de moi avec son premier choix qui s'appelait Saku Koivu. Personne ne connaissait ce nom impossible.

Aujourd'hui, tout se sait. Les noms inconnus sont de rares exceptions. Les joueurs sont alignés, évalués, catalogués, jugés pour le bonheur de tous les médias.

Les nouveaux collègues sont bien sûr des passionnés, des journalistes allumés qui connaissent la couleur des caleçons du premier choix au repêchage. Remarquez que cette information ne veut pas dire qu'on sait évaluer un match ou un joueur, mais, de nos jours, il faut tout savoir.

Too much information? Trop d'analyse? En effet, mais c'est comme ça.

Peut-être à cause de l'internet, il est de mise de faire semblant qu'on sait tout, qu'on a les meilleurs contacts. Parce que ne pas savoir tout de suite, c'est la honte. D'où les nombreux «de source fiable» ou «la rumeur» que vous lisez et entendez souvent. D'où toutes les fausses nouvelles aussi...

Ce désir de tout savoir tout de suite avait fait dire des énormités à certains collègues avant que La Presse ne dévoile les liens entre les frères K. et un membre de la mafia. Ceux qui ne savaient pas, pour couvrir leurs arrières, ont parlé d'une bombe qui allait ébranler la ville. Mais non, ce n'était rien d'autre que du bon reportage avec preuves à l'appui. Du sérieux, quoi.

Un petit malin de notre connaissance a trouvé un truc. Quand on lui apprend quelque chose, il répond immanquablement «ah oui, c'est fait?» et prend l'air mystérieux de celui qui savait depuis longtemps. Je me retiens toujours pour ne pas rire devant lui. Ça ne serait pas gentil.

Chez les plus jeunes, on note une nette influence du pooler, du joueur, du gambler, ce qui est amusant. Je l'avais prédit, j'avais deviné, disent-ils, comme ils diraient «j'ai gagné».

Pis après? L'important, c'est le produit fini. L'article dans le journal ou sur l'écran.

Tout ça pour vous dire que les années passent et que nous sommes toujours chanceux de pouvoir exercer un métier aussi fascinant.

Deuxième degré

Et puis tiens... pour un peu de fantaisie et de deuxième degré - ce n'est que du sport après tout -, je vous recommande une lecture toute courte: à ruefrontenac.com, la chronique de Serge Touchette intitulée Un rêve...