On déplore souvent le peu de place accordé à l'histoire dans l'enseignement au Québec. Pourtant, selon une nouvelle étude de l'Institut Dominion, le Québec est la province qui donne le plus d'importance à l'histoire du Canada dans ses écoles secondaires.

Dans ce Bulletin en histoire du Canada, notre province se classe au premier rang. Les chercheurs soulignent que le Québec est la seule province imposant deux cours obligatoires d'histoire du Canada aux étudiants du secondaire.

 

Le nouveau programme «Histoire et éducation à la citoyenneté», qui a fait localement l'objet de vives critiques, trouve grâce aux yeux des gens de l'Institut. Selon eux, ce programme «est le résultat d'un travail très réfléchi qui souligne avec force la nature et l'importance de l'histoire en tant que discipline scolaire». Ils se réjouissent aussi, avec raison, du fait que «la portée du nouveau programme scolaire en histoire est plus nationale que jadis», l'adjectif «nationale» étant ici employé au sens de «canadienne».

La plupart des autres provinces n'exigent qu'un seul cours d'histoire canadienne au secondaire, et encore. En Nouvelle-Écosse, les élèves peuvent choisir parmi les cinq cours suivants: histoire du Canada, études afro-canadiennes, études gaéliques, études acadiennes et études des Mi'maq. En Saskatchewan, le cours obligatoire de sciences humaines couvre 8000 ans d'histoire internationale. À Terre-Neuve et Labrador, le cours imposé porte surtout sur l'histoire du Canada atlantique plutôt que sur celle du pays dans son ensemble.

Bref, sur papier, l'enseignement de l'histoire ne se porte pas si mal au Québec. Il faudra voir comment le nouveau programme est vraiment enseigné en classe. Le Bulletin de l'Institut Dominion souligne que «le programme demeure vague quant aux résultats attendus». Il n'indique pas, par exemple, combien de temps doit être consacré à chaque thème.

Les sondages menés dans le passé par l'Institut n'ont pas montré que les Québécois connaissaient mieux leur histoire que les autres Canadiens. Par exemple, seulement 31% d'entre eux peuvent nommer le premier premier ministre du Canada (John A. Macdonald), contre 58% de l'ensemble des Canadiens. À peine un Québécois sur cinq sait qui fut le premier francophone à accéder au poste de premier ministre du pays (Wilfrid Laurier).

Des résultats aussi mauvais indiquent que l'enseignement de l'histoire dans les écoles reste déficient. Ils montrent surtout que l'histoire est un sujet tellement vaste et complexe que son enseignement ne doit pas dépendre du seul milieu scolaire. Si l'on souhaite que les Canadiens connaissent mieux leur passé, l'histoire doit être diffusée et valorisée partout: dans les familles, dans les médias, dans les musées, dans la rue.

Il serait important, aussi, que les programmes d'histoire fassent l'objet d'échanges approfondis entre les spécialistes des différentes provinces. L'histoire qu'on enseigne à l'école ou ailleurs tend trop souvent à confirmer nos mythes. Rien n'est plus utile pour s'ouvrir à l'autre que de comprendre comment cet autre voit les mêmes faits, sur quels mythes historiques sont fondées ses opinions d'aujourd'hui.

apratte@lapresse.ca