Depuis le départ de Monique Jérôme-Forget, la foi du gouvernement Charest envers les partenariats public-privé faiblit à vue d'oeil. Il y a quelques jours, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a déclaré que «le PPP n'est pas une religion» pour les libéraux. Sa consoeur Monique Gagnon-Tremblay a ouvert la porte à un retour au mode traditionnel pour les projets du CHUM et de l'échangeur Turcot.

Cet ajustement est bienvenu. En gestion publique, la foi aveugle en une formule, quelle qu'elle soit, n'est jamais souhaitable.Cela dit, il ne faudrait pas verser dans l'excès contraire. Dépendant du projet, dépendant du contexte, le PPP pourrait se révéler une meilleure façon de faire.

Le gouvernement libéral a commis l'erreur de se lancer avec trop d'enthousiasme dans les PPP, un mode de construction et de financement dans lequel l'État québécois n'avait aucune expérience. Certes, ces partenariats avaient donné de bons résultats ailleurs. Mais on y avait aussi constaté des difficultés, notamment la lourdeur du processus menant à la conclusion du contrat.

Cela étant, Québec aurait dû tester la formule dans quelques projets relativement simples; le prolongement des autoroutes 25 et 30, la nouvelle salle de l'OSM faisaient parfaitement l'affaire. Les deux nouveaux centres hospitaliers universitaires de Montréal étaient des projets beaucoup trop gros, complexes et controversés pour qu'on tente de les réaliser en PPP.

Faudrait-il faire marche arrière dès maintenant dans le cas du CHUM, comme le soutient notamment l'Ordre des architectes du Québec? Il nous semble qu'il est préférable d'avoir les propositions des consortiums candidats en main avant de laisser tomber le partenariat public-privé. On prendra alors une décision en toute connaissance de cause, notamment en ce qui a trait aux coûts de financement.

Depuis que Mme Jérôme-Forget a été séduite par la formule PPP, la crise financière est venue changer la donne. Dans la mesure où les entreprises privées ont du mal à obtenir des prêts, les gouvernements doivent assumer une plus grande part du risque des partenariats, ce qui rend ces derniers moins avantageux. La formule ne compte d'ailleurs plus guère de partisans, même dans le milieu patronal.

L'heure est peut-être venue de faire une pause. Avant de lancer d'autres projets en PPP, le gouvernement devrait évaluer le chemin parcouru, déterminer pour quels types de projet les partenariats sont appropriés et apporter des correctifs au processus (le fonctionnement de l'Agence des PPP a fait l'objet de maintes critiques). Il ne s'agit pas d'avoir la foi dans les PPP ou au contraire d'y voir le diable en personne. Il s'agit de choisir, objectivement, en se basant sur l'expérience acquise, la meilleure façon de réaliser chaque projet d'infrastructure publique.