Que ça fait donc du bien de recevoir ces temps-ci nos relevés financiers du mois de mai. Nos portefeuilles ont enfin pris de la valeur... Grâce à la bonne performance récente de la Bourse, les actions, les fonds d'actions, les fonds équilibrés... ont tous grimpé ou presque, nous permettant ainsi de récupérer une parcelle de nos lourdes pertes.

Certes, on est encore très loin de la «richesse» que nous avions collectivement accumulée, il y a à peine un an. Question de se rafraîchir la mémoire, voici quelques statistiques révélatrices.

À la fin de mai 2008, la capitalisation boursière de la Bourse de Toronto, c'est-à-dire la valeur de toutes les actions des entreprises négociées à sa cote, atteignait quelque 2089 milliards de dollars. Un an plus tard, soit à la fin de mai dernier, la capitalisation de la Bourse canadienne avait fondu de 612 milliards. Elle est ainsi redescendue à 1477 milliards, accusant ainsi une baisse de 29% par rapport à mai 2008.

Jetons maintenant un coup d'oeil à l'évolution du marché canadien des fonds d'investissement, lequel est évidemment tributaire de la performance de la Bourse.

En mai 2008, le marché canadien des fonds communs de placement atteignait un sommet historique alors que l'actif sous gestion frôlait les 720 milliards de dollars, selon les données publiées par l'Institut des fonds d'investissement du Canada.

Un an plus tard, cet actif sous gestion s'est dégonflé de 130 milliards, soit de quelque 18%, pour atteindre maintenant environ les 590 milliards.

Comme on peut le constater, il reste encore une méchante pente à gravir avant de pouvoir récupérer la totalité des pertes subies depuis le déclenchement du «bear market» qui a entraîné Wall Street et toutes les autres grandes places boursières dans la plus grave crise boursière depuis le krach de 1929.

Depuis le creux boursier de mars dernier, la Bourse canadienne a emboîté le pas à Wall Street et elle s'est redressée d'environ 40%.

C'est explosif comme rebond de la Bourse, d'autant plus que ledit rebond s'est effectué en un temps record... de moins de trois mois. Une telle hausse de 40% s'échelonne habituellement sur les 12 mois qui suivent le creux d'un cycle baissier.

Vu cette hausse boursière explosive, bien des investisseurs craignent maintenant une correction à la baisse de Wall Street et autres grandes places boursières internationales.

Dans le jargon boursier, ils estiment que le marché est «suracheté»: le retour à l'optimisme des investisseurs aurait provoqué une certaine euphorie boursière...

Et qui dit période euphorique, dit risque d'essoufflement et risque de sévère correction à la baisse... Le problème? On ne sait jamais quand ladite correction attendue se déclenchera! Un an, voire même deux ans avant la dramatique déconfiture boursière amorcée l'été dernier, des stratèges avaient alerté et mis en garde les investisseurs contre les énormes risques d'effondrement boursier. Qu'à cela ne tienne, la Bourse avait poursuivi durant de longs trimestres sa folle ascension, et ce, en dépit de sa surévaluation.

Une seule chose est «certaine» en Bourse: elle est imprévisible! Voilà pourquoi il faut toujours s'aventurer avec grande prudence dans les sentiers de la Bourse et ne jamais prendre ses profits sur papier pour de l'acquis tant et aussi longtemps qu'on ne les a pas encaissés.

Par ailleurs, je vous rappelle que le comportement de la Bourse est une sorte d'indicateur avancé (six mois d'avance) de la santé économique. La forte hausse de 40% de la Bourse depuis le creux de mars dernier laisse ainsi présager la fin prochaine de la récession. Espérons que l'indicateur boursier ne se trompe pas...

Autre ingrédient indispensable pour assurer la survie de la présente reprise boursière à la hausse: des montagnes de liquidités.

À ce chapitre, Wall Street semble vraiment bien appuyé. Le stratège de la firme de courtage Scotia Capital, Vincent Delisle, mentionne dans sa dernière analyse boursière que les fonds américains de marché monétaire renferment actuellement quelque 3800 milliards de dollars de liquidités. Cela équivaut, dit-il, à 44% de la capitalisation boursière des entreprises composant le principal indice américain, soit le S&P 500 de la Bourse de New York.

Comme cette masse de liquidités ne rapporte rien ou presque à l'heure actuelle, on peut donc s'attendre à la réallocation graduelle d'une partie importante de cet argent dans le marché boursier.

Voilà de quoi soutenir la reprise boursière pendant un bon bout de temps. On se le souhaite!

Bien entendu, des corrections viendront calmer les ardeurs. Et c'est sain pour la Bourse.