Vue de Montréal, l'affaire est presque comique. Débordant de projets pour un «Grand Paris» qui ferait entrer la métropole française dans le XXIe siècle, Nicolas Sarkozy a commencé par tenter de... fusionner les villes périphériques. Ça ne s'est pas fait et ne se fera pas, bien sûr, parce que élus locaux concernés ne veulent rien entendre.

Un petit air de déjà-vu, peut-être? ...

Cependant, Sarkozy a bien d'autres choses en tête. Depuis un an, à sa demande, 10 groupes d'architectes (l'un d'eux a même embauché un philosophe!) ont en effet planché sur un Paris nouveau. Dans celui-ci seraient résolus les problèmes de transport, de logement, d'environnement et même de sécurité.

Ces projets sont de toutes natures. L'un d'eux consisterait à étendre la ville jusqu'au Havre et donc à la mer. Un autre prévoit la création d'une «forêt urbaine» d'un million d'arbres à Roissy. Plusieurs s'intéressent aux transports en commun: extension du métro ou monorail périphérique. Un autre montre des tours d'habitation confites dans le verdure, sur leurs flancs et à leur sommet. On trouve aussi une nouvelle gare centrale de chemin de fer, des liaisons rapides avec les aéroports, la création de toutes pièces de nouveaux quartiers, des parcs linéaires.

Certes, toutes et chacune de ces flamboyantes esquisses livrées par les artistes de l'architecture et de l'urbanisme ne deviendront pas réalité.

Mais, pour l'instant, on en a retenu suffisamment pour présenter à l'État un devis de 35 milliards d'euros (55 milliards de dollars). L'apport du privé est encore indéterminé, d'autant plus qu'est survenue entre-temps une telle chose que la crise économique. Mais il devra être considérable: dans le domaine du logement, par exemple, l'initiative du secteur privé est cruciale. De plus, des projets sont conçus pour être réalisés en partenariat public-privé.

En France, contrairement à ici, on ne sort pas les accessoires d'exorcisme lorsqu'on entend parler de PPP.

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Bien sûr, il y aura débats autour de certains de ces projets. Par exemple, à cause de la tour Montparnasse, vue comme une erreur (et en effet choquante, là où on l'a plantée), il y a beaucoup de résistance à la construction d'immeubles en hauteur, même en dehors des quartiers du centre.

Mais on peut être sûr que Paris saura se renouveler dans le respect de l'histoire et de la beauté, comme il l'a toujours fait.

Car Paris est une ville façonnée à la fois par la certitude de sa grandeur et son goût pour l'audace, par le baron Haussmann et Gustave Eiffel. La France est un pays où on se montre encore capable de bâtir: elle n'occupe pas toutes ses énergies, comme c'est le cas ici, à lutter avec acharnement pour que rien ne se fasse. Enfin, aucun président de la République n'a jamais quitté l'Élysée sans laisser derrière lui de grandes oeuvres.

De sorte qu'on peut présumer que Nicolas Sarkozy réussira à faire voir le jour à une partie importante des projets qu'il a mis sur la table.