Des feux d'artifice pour un couronnement? On peut interpréter ainsi le deuxième essai nucléaire et les tirs répétés de missiles que la Corée du Nord offre en spectacle au monde depuis une dizaine de jours. Tout indique en effet que Kim Jong-il a présenté son successeur aux grands apparatchiks politiques, militaires et diplomatiques du régime.

Il s'agit de son fils cadet Kim Jong-un, 25 ans, qui est, si c'est possible, encore plus mystérieux que son père.

 

On ne possède pas de photo de lui à l'âge adulte. On sait seulement que le prince héritier de la couronne communiste nord-coréenne a étudié en Suisse et qu'il n'était pas le favori dans cette course au trône. On ignore quand et comment se fera la passation des pouvoirs; elle est certainement liée à la santé de son père de 67 ans, réputée précaire depuis plusieurs mois. On ne peut que spéculer sur sa capacité à régner; il aura vraisemblablement un régent en la personne de son oncle, Jang Song-taek, sorte de bête politique de 63 ans.

Au total, il n'est pas facile de voir comment cela va affecter la solidité, toute relative, de la dynastie installée par Kim Il-sung en 1948. Ni comment l'apparition de Kim Jong-un dans le portrait va influer sur le bras de fer engagé par son père avec, littéralement, le reste du monde. Car aujourd'hui, même la Chine, protectrice historique et plus importante pourvoyeuse de bien essentiels, semble exaspérée. Et les menaces claires proférées à l'endroit de la Corée du Sud ont mis celle-ci et le Japon sur un pied d'alerte.

Chose certaine, la bruyante démonstration sans cesse renouvelée de l'extraordinaire pouvoir de nuisance que détient la Corée du Nord demeure l'occupation prioritaire du régime.

Hier, des sources sud-coréennes indiquaient que Pyongyang s'apprête à effectuer un nouveau tir de missiles. L'un d'eux serait un engin à longue portée (après six autres, de courte portée, lancés au cours des derniers jours), qui s'envolerait d'un nouveau pas de tir situé à moins de 70 kilomètres d'une installation atomique.

Sachant que la deuxième bombe de la Corée du Nord a convenablement explosé, contrairement à la première (2006), il est impossible de rater le message...

Les intentions exactes de Kim Jong-il demeurent l'objet de toutes les hypothèses, produites à la douzaine sur toute la planète.

Dans le passé, les sautes d'humeur du «cher leader» ont surtout été utilisées comme leviers de chantage pour obtenir de l'énergie, de la technologie, de l'aide alimentaire et de la reconnaissance.

Peu importe: le jeu devient dangereux.

Et, comme on le constate de plus en plus souvent dans nombre de dossiers, c'est bel et bien la Chine qui, davantage que les États-Unis, a aujourd'hui entre les mains les arguments les plus convaincants pour apaiser sa turbulente voisine.

Et ce, quelles que soient les intrigues de palais qui ont cours à Pyongyang.

mroy@lapresse.ca