Évidemment, plusieurs amateurs de hockey aimeraient bien voir les Penguins de Pittsburgh, une jeune et spectaculaire équipe, remporter la Coupe Stanley et freiner la grosse machine rouge de Detroit, ce qu'il y a de plus près d'une dynastie à notre époque.

Je fais partie de ceux-là, sauf que...

Après le premier match, une victoire de Detroit, Sidney Crosby s'est déchaîné contre l'arbitrage, les Red Wings et il aurait blâmé le bon Dieu lui-même si on l'avait poussé un peu. En plus d'être un enfant gâté et plaignard sur la patinoire, il peut être détestable en public quand il perd...

Crosby, c'est une réplique de Wayne Gretzky, le roi des braillards, un surdoué adulé et gâté depuis l'enfance, la vedette d'une petite ville rurale qui engueulait déjà les officiels et pouvait tout se permettre. Qui, à Brampton, en Ontario, ou à Cole Harbour, en Nouvelle-Écosse, aurait osé se dresser contre la gloire locale?

Il y aurait eu leur père, mais...

Ceux qui connaissent la petite histoire de la famille Gretzky savent que le fameux Walter dirigeait toujours l'équipe de son fils et que les parents des autres enfants n'appréciaient pas ses façons d'agir. Il y avait Wayne, puis les autres... Toute la place pour Wayne, le surdoué.

Le père de Sidney Crosby, un ancien gardien de l'organisation du Canadien, est encore plus vindicatif que son fils et n'hésite pas à agresser des membres des médias ou quiconque n'encense pas son petit prince.

Des pères qui ne sont pas si admirables, après tout...

Sidney Crosby accuse les officiels de favoriser les Red Wings lors des mises-en-jeu.... Une nouvelle, celle-là.

Et puis il cite des occasions où les arbitres auraient dû sévir contre les Wings... comme si ces derniers ne pouvaient en faire autant, comme s'il n'y avait que Crosby qui voyait clair.

Le phénomène est d'ailleurs tout à fait canadian. Vous ne verrez jamais un hockeyeur européen ou américain se comporter en petit monarque absolu.

Le hockey est tellement important dans ce grand pays blanc et ennuyant qu'un joueur surdoué est convaincu de toujours avoir raison. On l'encourage d'ailleurs en ce sens depuis qu'il évolue chez les pee-wees et il finit par le croire.

Je dis bien canadian parce qu'il y a des exceptions... québécoises.

Mario Lemieux, dont j'ai suivi la carrière de près du début à la fin, avait beaucoup plus de raisons de se plaindre de l'arbitrage que Gretzky et Crosby. Or, il le faisait rarement et à contre-coeur. Vincent Lecavalier n'est pas un petit monstre d'orgueil sur la patinoire...

Le fait que ces deux garçons aient grandi dans une grande ville, où ils n'occupaient pas toute l'attention de la population, y est peut-être pour quelque chose. Allez savoir.

Et puis tiens... Go! Red Wings! Go!

Je vire capot.

Aventures sur le mont Royal

Samedi, il y avait, malgré les menaces de mauvais temps de nos joyeux météorologues, des spectateurs pas mal partout le long de la piste pour voir les cyclistes (femmes) de la Coupe du Monde. Et il a fait beau, imaginez donc...

Mais on a frôlé la catastrophe... Au bas de la côte Camilien-Houde, à cause d'une logistique douteuse, des cadets de la SPVM nous faisaient traverser la piste. Le jeune policier regardait au loin et puis il nous disait «O.K., allez-y». Et on traversait d'un pas rapide.

Sauf pour un couple de gens âgés, certainement des septuagénaires, qui ont traversé la rue lentement, en se tenant par la main. Trop lentement.

Alors qu'ils étaient seuls au milieu de la piste, les autres piétons ayant franchi la distance, cinq cyclistes et deux ou trois voitures accompagnatrices sont arrivées à toute vitesse. Ils descendaient la côte...

«Attention! Attention! Vite! Vite! Dépêchez-vous!» s'est mise à crier la foule, alors que le jeune policier paniquait lui aussi.

C'est la dernière chose qu'il faut crier à des septuagénaires qui ont du mal à avancer. Ils ont figé comme le chevreuil devant les phares de l'auto. J'ai pensé attaque cardiaque...

Mais de braves citoyens sont revenus sur leurs pas, ils les ont pris par le bras et les ont presque transportés jusqu'au trottoir. C'était tout près, mes amis. Environ une seconde, je dirais.

Je connais une septuagénaire qui ne retournera jamais de sa vie à une compétition cycliste.

Et un jeune cadet de la police qui va se plaindre à ses patrons... Il était blême, le pauvre.

C'est finalement Emma la Britannique, une cycliste moyenne, qui a gagné, en menant du début à la fin. (Je ne sais pas pour vous, mais j'ai toujours des doutes sur les cyclistes qui pètent le feu soudainement... Mais bon.)

Emma, qui parle bien le français, était très sympathique. Elle nous a donné un de ses trucs: elle chante dans sa tête en pédalant. Moi aussi d'ailleurs.

On était bien, sur le mont Royal ensoleillé, et Emma a reçu son trophée et son bouquet de fleurs des mains de «la directrice des fromages suisses, Madame...»

Il me semble qu'on aurait pu trouver une formule plus élégante pour présenter la dame.