La nomination de Pat Quinn comme entraîneur-chef des Oilers d'Edmonton ne manquera pas d'attiser les rumeurs qui envoient Guy Boucher dans les rangs professionnels l'an prochain.

Quinn est un fan avoué de l'entraîneur des Voltigeurs de Drummondville, défaits en demi-finale du tournoi de la Coupe Memorial, la semaine dernière. Boucher était l'adjoint de Quinn quand il a conduit le Canada à des médailles d'or au championnat du monde des moins de 18 ans, puis au championnat du monde junior, en 2008 et 2009.

À Ottawa, cet hiver, Boucher était l'architecte de l'attaque à cinq canadienne, qui a terminé le tournoi avec un taux d'efficacité remarquable de 50%. «Un génie», avait dit de Boucher le centre Cory Hodgson, une des vedettes de l'équipe.

Le directeur général des Oilers, Steve Tambellini, a indiqué mardi qu'un adjoint supplémentaire pourrait être engagé dans les prochaines semaines, en plus du nouvel entraîneur associé Tom Renney et de l'adjoint Kelly Buchberger, seul survivant de l'ère Craig MacTavish.

À un journaliste qui soulevait l'hypothèse que Boucher soit embauché, Quinn a dit vouloir éviter de se retrouver avec une structure de direction «trop lourde». Mais il reconnu du même souffle qu'il entretenait des relations «extraordinaires» avec les jeunes entraîneurs qu'il a côtoyés lors des deux récents championnats du monde. «Il pourrait y avoir de bons candidats dans ce groupe, mais ce serait prématuré pour moi d'en dire plus», a dit l'entraîneur de 66 ans. La porte n'est certainement pas fermée.

Coïncidence, la nomination de Quinn a été annoncée alors que je venais tout juste de discuter de Boucher avec Doris Labonté, qui l'a eu pour adjoint avec l'Océanic de Rimouski, en 2004-2005 et 2005-2006. «Si un gars comme Pat Quinn revenait comme entraîneur dans la LNH et faisait une offre à Guy, je lui dirais d'accepter les yeux fermés», m'avait dit Labonté en guise de conclusion.

Joint à Drummondville, Boucher a reconnu qu'une offre des Oilers ne tomberait pas dans l'oreille d'un sourd. «C'est sûr que oui, je serais intéressé. J'ai beaucoup de respect pour Pat Quinn, un homme qui laisse beaucoup de place aux gens qui l'entourent. Ce n'est pas pour rien qu'un entraîneur-chef d'expérience comme Tom Renney a accepté de travailler avec lui.»

Boucher reconnaît qu'une demi-douzaine d'autres clubs de la LNH l'ont pressenti à ce jour. Une rumeur l'envoyait au Colorado comme adjoint de Patrick Roy, qui a annoncé hier qu'il restait avec les Remparts de Québec. Une autre fait de lui le prochain entraîneur-chef des Bulldogs de Hamilton, le club-école du Canadien.

On verra. Chose certaine, Boucher a prouvé dans le passé qu'il n'est pas du genre à sauter les étapes. Adjoint de Jean Pronovost pendant trois ans chez les Huskies de Rouyn-Noranda, il est ensuite retourné dans le midget AAA pour diriger les Lions du Lac-Saint-Louis, avant de remonter dans le junior majeur, où il a passé trois autres saisons comme adjoint de Donald Dufresne et de Doris Labonté à Rimouski.

«Je ne suis pas de ceux qui refusent de redevenir adjoint après avoir été entraîneur-chef. L'important, c'est que moi, j'avance. Si tu es assistant de gens de qualité, tu apprends deux fois plus vite auprès d'eux et tu t'épargnes des années de gaffes potentielles. J'ai bénéficié de ça dans le passé.»

Bref, Boucher est un gars patient. «Pour différentes raisons, notamment parce que je ne partageais pas la vision de l'organisation qui voulait m'embaucher, j'ai refusé six fois un poste d'entraîneur-chef dans le junior majeur avant de dire oui à Drummondville», souligne-t-il.

Le directeur général des Voltigeurs, Dominic Ricard, a été immédiatement séduit lorsqu'il a rencontré Boucher en 2006, au point de le préférer aux vétérans entraîneurs Mario Durocher et Claude Bouchard. «Ce que j'aime de lui, c'est l'équilibre de ses compétences et de ses connaissances», dit Ricard à propos de Boucher, diplômé en génie, en histoire et en psychologie sportive. «En entrevue, il avait comparé le coaching à une table à quatre pattes: les pattes physique, technique, tactique et psychologique. Il considérait que sa table était au niveau. Sa façon de se présenter m'a tout de suite convaincu et les trois dernières années ont prouvé que j'avais raison.»

À entendre Ricard, Boucher est un hybride idéal entre les coachs motivateurs d'autrefois et les entraîneurs enseignants d'aujourd'hui. «Il a une main de fer dans un gant de velours: la drive et l'énergie d'un entraîneur des années 70 et 80 avec l'approche d'un coach des années 2000. Il est exigeant, mais il sait récompenser.»

Boucher a un contrat de cinq ans avec les Voltigeurs et il ne s'attend pas à prendre une décision sur son avenir avant quelques semaines. «Je suis très serein dans tout ça. Les choses se présentent quand c'est le temps. Le plus important pour moi, c'est la fidélité des gens avec qui je travaille et le fait de pouvoir apporter ma contribution. Je ne veux pas être une marionnette.»

Je dis ça comme ça, mais grand manitou des unités spéciales chez les Oilers, me semble que ce serait intéressant. Vous ne trouvez pas, M. Quinn?