De toutes les catégories de fonds communs de placement, une seule est sécuritaire: le marché monétaire. C'est le «pendant» des obligations d'épargne, des comptes d'épargne, des certificats de placement garanti, des dépôts à terme...

Il y a cependant un hic. La «sécurité» ne rapporte rien... ou presque! En effet, les fonds monétaires n'ont rapporté à leurs détenteurs de parts que des grenailles depuis le début de l'année. En date d'hier, on parle d'un rendement cumulatif variant de 0% à 0,5%.

Vous avez bien lu: un rendement de moins d'un demi-pour cent pour les cinq premiers mois de l'année. Et ne comptez pas sur le reste de l'année pour voir s'améliorer «la» performance de vos fonds de marché monétaire.

Comble d'ironie: les familles de fonds perçoivent sur les fonds de marché monétaire des frais de gestion annuels (de 0,9% et 1,8%) nettement supérieurs au minuscule rendement versé aux détenteurs de parts.

Des exemples? Contentons-nous de rapporter la «performance» cumulée depuis le début de l'année par les populaires fonds de marché monétaire distribués par nos grandes institutions bancaires. Entre parenthèses, vous trouverez le ratio annuel des frais de gestion (RFG). Les données proviennent du Globe and Mail:

> Desjardins marché monétaire: 0,19% (RFG: 1,15%)

> Banque Nationale marché monétaire: 0,27% (RFG: 1,03%)

> BMO marché monétaire: 0,27% (RFG: 1,17%)

> CIBC marché monétaire: 0,21% (RFG: 1,14%)

> Fonds de marché monétaire canadien TD: 0,22% (RFG: 0,92%)

> RBC marché monétaire canadien: 0,48% (RFG: 0,89%)

> Scotia marché monétaire: 0,28% (RFG: 1,13%)

Mais il y a pire. Le fonds Primerica canadien du marché monétaire a rapporté depuis le début de l'année un rendement cumulatif de 0,03%. À combien s'élève le ratio des frais de gestion de ce fonds monétaire? À 1,84%. Et quels placements retrouve-t-on dans ce fonds monétaire? Uniquement des parts du fonds AGF marché monétaire.

Maintenant, si vous détenez des parts de fonds de marché monétaire distribués par des compagnies d'assurances, je vous invite à jeter un coup d'oeil attentif sur «le» rendement de vos parts, par rapport aux frais de gestion perçus par les gestionnaires. Chez plusieurs assureurs, l'exagération est omniprésente.

De tout temps, les fonds de marché monétaire n'ont jamais rapporté si peu de rendement à leurs détenteurs de parts. Bien entendu, la cause principale de cette chute de rendement est attribuable à la chute des taux d'intérêt. Autre problème: le faible rendement restant se fait par la suite gruger en quasi-totalité par les gestionnaires des familles de fonds communs. Morale: seuls les détenteurs des parts y perdent au change!

Par ailleurs, cela survient à un bien mauvais moment pour les épargnants échaudés par la crise financière.

En raison de la magistrale déconfiture boursière qui a fait trembler la planète, vous ne serez donc pas surpris d'apprendre que les fonds de marché monétaire ont bénéficié d'un extraordinaire regain de popularité auprès des détenteurs de parts de fonds communs de placement. Pris de panique, les épargnants ont transféré une grosse partie de leurs épargnes restantes dans les placements plus sûrs...

Au cours des deux dernières années, soit depuis avril 2007, l'actif des fonds de marché monétaire a augmenté de 61%: les détenteurs de parts de fonds communs détiennent aujourd'hui une valeur globale de quelque 76 milliards de dollars dans les 150 fonds monétaires offerts sur le marché canadien des fonds communs de placement.

Cette forte augmentation de 61% est survenue alors qu'au cours de la même période de deux ans, l'actif global de toutes les autres catégories de fonds communs fondait de 25%. Le gros de ce dégonflement s'est produit entre septembre dernier et mars passé.

Les fonds de marché monétaire accaparent aujourd'hui 14,4% de l'ensemble du marché des fonds communs de placement. Ce qui est historiquement très élevé.

Comme la gestion d'un fonds de marché monétaire est fort peu exigeante et surtout pas onéreuse, les frais de gestion de ces fonds sont scandaleusement trop élevés. Pensez-y: les gestionnaires des fonds monétaires vont se partager cette année quelque 750 millions de dollars pour offrir aux détenteurs des parts un rendement inférieur à celui (1,15%) des nouvelles obligations d'épargne du Québec!