Les plans de la future vitrine culturelle, angle Saint-Laurent et Sainte-Catherine, ont été dévoilés dans Le Devoir la semaine dernière. Les projections architecturales montrent un immense bloc de verre dont la façade principale se trouve sur la rue Sainte-Catherine. Le boulevard Saint-Laurent hérite du côté gauche de l'édifice, un mur d'apparence banale. L'édifice compterait sept étages, soit davantage que les immeubles du voisinage.

Rappelons que le promoteur du projet, Christian Yaccarini, de la Société de développement Angus (SDA), a fait appel à un architecte de réputation internationale, le Français Paul Andreu, pour travailler avec deux firmes d'architectes québécoises. Leur mandat: concevoir ce qui devrait être un des points d'attraction de ce quartier en devenir.

 

Sur papier, disons-le, cette vitrine culturelle est décevante.

Cette déception vient d'abord de l'allure générale, le look. Ce bloc de verre n'est ni horrible ni repoussant. C'est pire. Il est ordinaire pour un quartier des spectacles. Sans surprise. En fait, on verrait mieux cette grande vitrine dans le Quartier international, plus classique, qu'à cette intersection légendaire, dans un quartier qu'on espère plus débridé.

Le projet, qui circule en coulisse depuis quelques semaines, suscite d'autres critiques. La plus pertinente provient d'Héritage Montréal. Dinu Bumbaru, s'inquiète de l'intégration de l'édifice dans le quartier où on retrouve surtout des façades de briques. Ce mur de verre, dont le promoteur vante la transparence, Bumbaru le voit plutôt comme une frontière invisible, froide et lisse, qui empêche la communication avec la rue. Quant à l'atrium prévu au rez-de-chaussée, il demeure un grand espace vide (qui sera peut-être éclairé de belle façon), un trou béant qui n'a rien de culturel ou de spectaculaire.

Le promoteur a raison lorsqu'il dit que le Red Light est abandonné. Et il est vrai qu'il faut se réjouir de cette volonté de développer une portion du boulevard Saint-Laurent complètement délabrée, particulièrement dans le contexte économique actuel. Mais cela ne signifie pas qu'il faille traiter M. Yaccarini en sauveur à qui il faut tout céder sous prétexte qu'il investira plusieurs millions de dollars.

Après tout, la Ville de Montréal investit elle-même une somme de 7,5 millions de fonds publics dans le projet 2-22 Sainte-Catherine. Dans un tel contexte, le promoteur ne peut agir comme si ce coin de rue lui appartenait. Il doit tenir compte de l'histoire du quartier.

D'autant que ce même promoteur a choisi lui-même les architectes, sans lancer de concours, comme s'il s'agissait de la construction de sa maison ou de son chalet. Le projet est perfectible, donc. Les consultations publiques seront sans doute propices aux propositions constructives. On nous répondra sans doute qu'il est difficile de concevoir des projets audacieux sur le plan architectural qui s'intègrent parfaitement sur le plan urbanistique. Mais n'est-ce pas là le genre de défis que doivent relever les architectes?

nathalie.collard@lapresse.ca