De ce temps-là, il y a de bonnes chances que vous parliez du Canadien au moins une fois dans la journée. Vous croisez quelqu'un que vous ne connaissez pas beaucoup, par exemple, même que vous ne l'aimez pas tellement, et il vous dira quelque chose comme: «Pour le Canadien, c'est fini, oublie ça...»

Peut-être, peut-être pas, mais une chose est certaine: ce monsieur parle pour rien. Le Canadien est toujours huitième, il reste six matchs à jouer, pourquoi le Canadien serait-il fini? Avec une telle attitude, ce monsieur ne jouerait jamais dans mon équipe, même pas dans une ligue de garage.

Si vous détestez parler pour rien et les gens qui parlent pour rien, il y a une façon de s'en sortir.

J'ai fait le test avant le match de mardi.

« Le Canadien, oublie ça, c'est fini...

- Veux-tu gager?

- Je te dis d'oublier ça. C'est fini...

- Combien tu veux gager... 10$, 20$, 50$? «

Le monsieur change de sujet et ne vous casse plus les oreilles.

Je ne suis pas certain que le Canadien sera des séries éliminatoires - je lui accorde 50% de chances -, je ne suis même pas un parieur, mais des paroles en l'air, il y en a déjà trop dans nos vies. Malheureusement, certains croient que le sport est fait pour ça. Déjà qu'à la radio et à la télé...

D'autres vous diront que, même s'il participe aux séries, le CH sera éliminé à la première ronde. Alors qu'est-ce que ça donne de s'y intéresser?

À ceux-là je réponds, avec un air philosophe: ce n'est pas la destination qui compte, mais le voyage.

Vous passerez pour un homme qui a une pensée profonde, même si ce n'est pas vrai.

Les jaloux

On a peut-être éliminé le Canadien trop tôt. Les p'tits gars étaient beaux à voir, mardi. Les mêmes p'tits gars, le même Price, les mêmes Koivu et Kovalev, les mêmes Komisarek et Markov... Ils ont enfin joué un match sans erreur et ont profité de celles, nombreuses, des Blackhawks de Chicago.

On devrait peut-être passer moins de temps à vouloir échanger tout le monde et plus de temps à surveiller notre équipe.

Koivu et Kovalev...Avec Tanguay, le trio prend vraiment le contrôle de la situation. Pour deux hommes qui devaient se jalouser à cause d'un C, selon ce qu'on a lu et entendu plusieurs fois, ça ne paraît pas tellement. Des paroles et des écrits en l'air?

Il est surtout important de retenir que le CH de Bob Gainey est en progression depuis une semaine. Et ces choses-là font parfois boule de neige. On bat une bonne équipe, on se croit bon, la confiance vous fait réagir plus rapidement, sans hésitation et c'est parti.

Avec les mêmes joueurs.

C'est la beauté du sport.

Faux suspense

On a assisté, mardi, à une scène qui est toujours touchante: le grand frère qui se porte à la défense du petit frère. Une scène éternelle revécue par les frères K.

Mais l'arbitre a donné, on se sait pourquoi, un avantage numérique de quatre minutes aux Blackhawks. Le Canadien menait 1-0 et c'était le moment ou jamais de sauver les meubles. Un quatre minutes de suspense...

Sauf qu'il n'y a pas eu tellement de suspense. Pour « égaliser « les choses, l'arbitre a vite infligé une autre pénalité, on se sait pas pourquoi, aux Blackhawks.

Chou! Broche-à-foin!

Bob Gainey, après le match: « Essayer de comprendre l'arbitrage est parfois comme courir après sa queue... Ça ne sert à rien. «

Bien parlé.

Cristobal

Lorsque Gainey a surpris tout le monde en échangeant Cristobal Huet pour faire place à deux recrues, en mars 2008, j'étais de ceux qui avaient de sérieux doutes. Est-ce que le Canadien serait dans sa position précaire actuelle si Huet était resté à Montréal?

Je me posais la question, mardi soir, jusqu'à ce que Huet fasse un cadeau à Kovalev et au Canadien après 25 secondes de jeu. Ça m'est revenu, Cristobal n'est quand même pas un Jacques Plante...

Mais le seul Français de la LNH devrait jouer à Montréal. Ça devrait être un règlement.

Rédemption

Lundi dernier dans cette chronique, Richard Sévigny déclarait que Carey Price avait un talent extraordinaire et que Jaroslav Halak était à sa place sur le banc.

Price est en train de donner raison à l'ex du Canadien et des Nordiques.

Après la victoire de mardi, où il a été brillant, Price a lancé son bâton dans la foule pour la remercier de son ovation. (Ça ne devrait pas être permis. Trop dangereux. Pas le bâton, ni Price ; les spectateurs sont trop dangereux. Ils étaient quelques-uns à tirer sur le précieux objet en même temps...)

Mais le geste en disait long. On a senti qu'avec son bâton, Price lançait aussi en l'air une tonne de pression.

« Pardonnez-moi. Je suis de retour... «

Son père, qui aime la Bible, a certainement parlé de rédemption. Pourquoi pas?