Ginette M. fait partie des dizaines de milliers d'épargnants québécois qui ont globalement investi depuis 2002 plusieurs milliards de dollars dans les CPG (certificats) et billets à capital garanti liés à la performance des indices boursiers. En raison de l'effondrement des marchés boursiers, la plupart de ces épargnants n'encaisseront pas une cenne de rendement d'ici l'échéance de leurs placements. Comme prix de consolation, à l'échéance, ils pourront remettre le grappin sur le capital investi, celui-ci étant entièrement garanti.

En 2007, Ginette M. a investi une somme de 14 150$ dans «Placement garanti gestion active» de Desjardins. Elle vient d'apprendre que son placement lié à la Bourse ne lui rapportera rien d'ici son échéance en mars 2012. «Vu le désengagement de Desjardins, est-ce que je peux reprendre ma mise de fonds pour l'investir dans des CPG qui, au moins, rapporteront un minimum d'intérêts?» se demande-t-elle.

 

Une autre cliente d'une caisse Desjardins, Mme L.V., a investi en 2004 dans le véhicule «Placement garanti Perspectives plus» d'un terme de 51/2 ans, lequel placement est lui aussi lié à la Bourse. Afin d'éviter de subir des pertes substantielles, Desjardins a procédé à un désinvestissement de la Bourse qui aura pour conséquence de ne procurer aucun rendement.

«Ne trouvez-vous pas le procédé malhonnête? La Caisse mise sur la notion de capital garanti afin de nous vendre ce type de placement, mais dès qu'elle sent la soupe chaude, hop! elle retire le placement. Et si la Bourse faisait un bond miraculeux, jamais je ne toucherai un sou. Si la Caisse n'avait pas les reins assez solides pour assumer les pertes, elle avait tout simplement qu'à ne pas offrir ce type de placement», se plaint-elle.

Pour sa part, Claude J. a misé sur les CPG gestion active de la Banque Nationale. Celle-ci vient de l'informer que le rendement à l'échéance de ses CPG gestion active sera nul ou presque et ce, peu importe la performance des marchés financiers d'ici la date d'échéance. La Banque lui a rappelé par contre qu'il n'avait pas à s'en faire puisque son capital est protégé. «C'est pour cette raison que je les ai achetés. Je me sens biaisé par ce changement au gré du vent dans ces marchés tourmentés. J'ai des échéances jusqu'en 2012. Qu'en pensez-vous?»

Aux Ginette et Claude des fameux CPG et billets boursiers, je suis vraiment désolé de vous confirmer que vous n'avez aucun recours possible contre les institutions qui ont vendu ces produits financiers.

Jusqu'à la destruction boursière amorcée en septembre 2008, ces produits financiers offraient sur papier le meilleur des deux mondes de la finance, soit une protection à 100% de son capital, tout en bénéficiant de la performance de la Bourse.

Pour offrir une telle garantie de capital, vous comprendrez que les institutions émettrices de- vaient utiliser une partie de l'argent récolté pour investir dans divers instruments financiers, tels des fonds de couverture, des contrats à terme sur indices boursiers, etc. Comme ces véhicules financiers ont perdu énormément de valeur à la suite de la déconfiture de la Bourse, les émetteurs des CPG et billets boursiers ont été obligés de fermer leurs positions dans le dessein de limiter les pertes et de protéger le capital.

Le problème? Il ne reste plus d'argent dans la cagnotte des CPG et billets boursiers pour réinvestir en Bourse et courir la chance de profiter de l'éventuel retour à la hausse des marchés boursiers.

Voilà pourquoi la plupart des CPG et billets boursiers encore en circulation qui ont été émis avant septembre 2008 ne rapporteront rien comme rendement à leurs détenteurs. Ceux-ci devront strictement se contenter de recouvrer leur capital. Et ce, même si la Bourse devait, ô miracle! doubler de valeur d'ici l'échéance desdits placements à capital garanti.

Puisqu'elles ne verseront aucun rendement, les institutions émettrices de ces CPG et billets boursiers, dont les deux principales sont Desjardins et Banque Nationale, traitent-elles de façon injuste leurs clients en refusant de racheter ces produits avant leur échéance?

Sur le plan juridique, les institutions émettrices respectent en tous points les conditions liées au rendement et à la protection du capital de ces CPG et billets boursiers. Ces produits financiers ont été victimes du pire scénario qui pouvait survenir, soit une destruction boursière de 50% de tous les marchés à travers la planète.

Les clients n'ont été victimes d'aucune clause ni condition cachées par rapport au risque de n'obtenir aucun rendement sur leurs CPG et billets boursiers.

Moralement parlant... Comme les institutions émettrices de CPG et billets boursiers recrutent leur clientèle parmi les épargnants les plus conservateurs, elles auraient pu jouer au «bon père de famille» et décider de racheter et de retirer de la circulation tous les placements n'offrant aucune lueur d'espoir de rendement. Quitte à obliger les détenteurs à réinvestir le capital à l'institution.

Après tout, n'ont-elles pas encaissé depuis plus d'une décennie quelques centaines de millions de commissions et de profits avec leurs émissions de CPG et billets boursiers?