Mercredi prochain, 1er avril, les États-Unis établiront un triste record. Et ce n'est pas un poisson d'avril. Les États-Unis entreront dans leur 17e mois de récession, soit la plus longue récession depuis la Grande Dépression de 1929 à 1933.

La présente récession américaine dépassera, en durée s'entend, celles de 1973-1975 et 1981-1982, qui avaient duré 16 mois.

La bonne nouvelle derrière ce triste record: plus la récession se prolonge, plus elle tire vers sa fin. Ben quoi, on se console comme on peut!

 

La grande question de M. et Mme Tout-le-Monde: quand l'actuelle récession prendra-t-elle fin? Ma prédiction: si le creux boursier de la séance du 6 mars dernier tient bon et que l'actuelle reprise de Wall Street démontre une bonne résistance au cours des prochaines semaines, on devrait voir enfin la lumière au bout du tunnel vers l'été prochain. C'est donc dire d'ici «à peine» quatre ou cinq mois!

Une solide reprise de 20% et plus de la Bourse, après un creux boursier de récession, représente historiquement un bon indicateur avancé. À cette fin, j'aimerais vous signaler que les deux grands indices boursiers de Wall Street, le Dow Jones et le S&P 500, ont respectivement grimpé de 22,5 et 24,9% entre leurs récents creux de la première semaine de mars et le haut de la séance de jeudi.

C'est vraiment encourageant quand on sait qu'une telle reprise précède généralement de quelque quatre mois la fin ultime d'une récession.

Allez, ne faites pas la moue, l'optimisme ne tue pas. Au cours des deux dernières semaines, nous avons quand même eu droit à quelques signes encourageants: l'explosion en Bourse des titres bancaires américains (ce qui laisse croire que le pire de la crise financière serait derrière eux); la décision du gouvernement Obama d'assainir les finances des institutions bancaires en rachetant davantage d'actifs toxiques (jusqu'à 1000 milliards US); un certain déblocage des sources de crédit bancaire; la légère reprise de l'inflation; la hausse surprise enregistrée dans les ventes de logements; l'optimisme d'Obama vis-à-vis de l'efficacité de son plan de relance visant à sauver les banques et l'industrie financière; la «réforme complète de la régulation» proposée par le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, et le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, dans le dessein de mieux contrôler les institutions à risque pour l'ensemble du système financier; le sommet du G20 à Londres à partir de jeudi prochain, dont l'objectif ultime est de mettre en place des mécanismes pour relancer l'économie mondiale et surtout, éviter tout risque de dépression mondiale.

Les analystes pessimistes diront qu'une reprise boursière de même envergure (" 20%) s'était également produite entre le précédent creux boursier du 21 novembre 2008 et le 6 janvier dernier. Le Dow Jones et le S&P 500 avaient respectivement explosé à ce moment-là de 24 et 27%. Et par la suite, soit du 7 janvier au 9 mars derniers, on avait eu droit à une méchante déconfiture de 30%.

En quoi la présente reprise de Wall Street serait-elle différente de la précédente et donc plus solide?

La précédente reprise a carrément été bousillée par la divulgation dans les semaines qui ont suivi d'un nombre sans précédent de nouvelles financières toutes plus mauvaises les unes que les autres.

Arrive donc un moment, dans la vie boursière, où les mauvaises nouvelles sont carrément escomptées dans le prix des actions des entreprises inscrites en Bourse. Ce qui constitue, par ricochet, un plancher à partir duquel le risque devient relativement faible. Le creux du 6 mars dernier semble représenter ce plancher... tant attendu.

Depuis ce moment-là, des gestionnaires de portefeuilles institutionnels ont commencé à reprendre confiance dans la Bourse et à réinvestir les immenses liquidités qu'ils accumulaient dans leurs coffres depuis le déclenchement, en septembre dernier, de la destruction boursière.

Je vous rappelle qu'entre le sommet boursier d'octobre 2007 à Wall Street et le creux du 6 mars dernier, le S&P 500 avait fondu de 57,5% et le Dow Jones de 54,8%. Cette déconfiture boursière de Wall Street est la plus gigantesque depuis la crise boursière amorcée lors du krach d'octobre 1929.

Après une telle déconfiture de 57,5% pour les 500 multinationales inscrites à la cote du S&P 500 de la Bourse de New York, Wall Street s'est retrouvée à un niveau plancher relativement solide compte tenu des milliers de milliards de dollars injectés par le gouvernement Obama pour sortir les États-Unis de la crise financière et de la récession.

Les récessions, aussi profondes soient-elles, ne sont pas éternelles. Voilà pourquoi les optimistes croient que la présente récession devrait prendre fin dans quatre ou cinq mois aux États-Unis. Le Canada, lui, devrait s'en sortir vers la fin de l'année. Puis, au milieu de 2010, ce sera au tour de l'Asie et de l'Europe de s'en sortir. Et les pays les plus pauvres? Oups! Ils ont été oubliés. Ils devront donc pâtir plus longtemps... Après tout, ils n'ont pas d'argent pour consommer et même pas de Bourse!!!