C'était prévisible, et les chiffres les plus récents le confirment: la récession fait très mal au secteur touristique. En temps de crise, les vacances et les voyages figurent en tête de liste des compressions budgétaires des ménages.

Statistique Canada a annoncé hier que le nombre de visiteurs américains au Canada a reculé de 6,2% en janvier par rapport au mois correspondant en 2008. Cela représente 72 000 visiteurs de moins.

 

Les États-Unis fournissent, et de loin, le principal contingent de touristes au Canada. Ainsi, en janvier, près de 1 million d'Américains ont visité le Canada. Tous les autres pays réunis ont fourni 214 000 visiteurs, soit 4000 de moins que l'an dernier.

Il est trop tôt pour dire ce que la perte de 76 000 touristes représente comme manque à gagner pour l'économie canadienne. Ces sommes seront publiées en mai, avec les résultats du premier trimestre. En attendant, on sait qu'en moyenne, le visiteur d'outre-mer rapporte beaucoup plus à l'industrie touristique parce qu'il reste plus longtemps. Sur le million de visiteurs américains, à peine 300 000 restent plus d'une journée.

On peut estimer que chaque touriste américain au Canada, toutes durées de séjour confondues, dépense en moyenne 650$, contre 3300$ pour les touristes d'outre-mer. Le manque à gagner pour l'économie canadienne tournerait donc aux alentours de 60 millions pour le seul mois de janvier.

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Autre donnée importante, que vient de publier l'Institut de la statistique du Québec (ISQ). On sait qu'en 2007, le Québec a enregistré un déficit record de 16,4 milliards dans ses échanges internationaux. C'est très grave: le Québec a toujours été une puissance exportatrice, et ses solides surplus commerciaux étaient considérés comme un important atout. Le déficit de 2007 était dû à la hausse vertigineuse des prix pétroliers (le pétrole est, de loin, le premier produit d'importation du Québec, devant les voitures).

En 2008, le Québec est toujours déficitaire, mais le manque à gagner est tombé à 10,9 milliards. Cette relative amélioration est évidemment due au repli des prix pétroliers, mais aussi à une reprise intéressante des exportations, notamment dans les secteurs des moteurs et pièces d'avions, du papier journal, des instruments d'optique et de médecine et du minerai de fer.

Les États-Unis achètent 72% des exportations québécoises et lui fournissent 21% de ses importations. Cela a permis au Québec de dégager un surplus de 24 milliards avec les États-Unis en 2008. Par contre, le Québec est lourdement déficitaire avec la Chine (son deuxième fournisseur), l'Algérie, l'Angola et la Norvège (ses principaux fournisseurs de pétrole), et la plupart de ses autres partenaires.

L'année 2009 ne s'annonce guère encourageante. Il est possible que la récession aux États-Unis soit beaucoup plus longue que prévu et que les consommateurs américains ralentissent leurs achats en conséquence. Si cela se produit, les exportateurs québécois trouveront les temps durs.

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Il faut que je vous parle de l'entretien que j'ai eu, dans le huis clos budgétaire, avec Amir Khadir. En fait, «entretien», ça ne colle pas. Le député de Québec solidaire parle, parle, parle, parle tout le temps, parle très fort, hurle presque (il a même importuné des collègues pourtant habitués depuis longtemps au brouhaha des huis clos budgétaires). J'ai dû l'interrompre:

«Ça vous dérangerait de me laisser parler?

Au bout de 30 secondes, il me coupe à nouveau la parole pour reprendre sa logorrhée. Tout ce déluge de mots et de confusion pour m'annoncer qu'il est en maudit contre l'Institut économique de Montréal (on s'en serait douté!) et pour essayer d'expliquer ses théories sur les «trois vies du capitalisme». Voyez le genre.

Impoli, détestable et pénible.

Mon collègue Pierre Foglia, qui connaît bien Amir Khadir, a écrit lors de son élection dans Mercier: «Ils vont en avoir plein les bras à Québec.»

Pas certain. Il m'a suffi de quelques minutes pour comprendre que le bonhomme est surtout un casse-pieds de première. Comme tous les casse-pieds, il va réussir à emmerder bien du monde. Pendant un certain temps. Jusqu'à ce que le monde se tanne, comme cela finit toujours par arriver avec tous les casse-pieds.

Se trouvaient aussi à Québec François Saillant (FRAPRU) et Jean-Yves Desgagnés (Front commun des assistés sociaux), deux habitués des huis clos budgétaires. Deux militants de gauche, tous deux candidats de Québec solidaire. Mais civilisés et parlables. Je me disais à l'issue du huis clos que ce tandem aurait fait, pour QS, une aile parlementaire autrement plus crédible et efficace que le député de Mercier.